1961 : Arrivée des Soeurs à Tambaga (Burkina )

2e épisode

2e Episode : 1961. Quatre Sœurs de Rillé-Fougères viennent d’arriver pour la 1re fois à Tambaga, à l’est du Burkina Faso, après un long voyage…

Nous sommes en 1961. Quatre Sœurs de Rillé-Fougères (Sœurs du Christ Rédempteur) viennent d’arriver pour la 1re fois à Tambaga, à l’est du Burkina Faso, après un long voyage…

de g à d : Srs St Vincent, du St Nom de Marie, Henriette des Anges, Maria de la Trinité

Sr Henriette des Anges (Marie Dauvier)
Sr Maria de la Trinité (Yvonne Brault)
Sr du St Nom de Marie (Madeleine Guénard)
Sr St Vincent (Denise Guérin)

Laissons la parole à nos pionnières :

"En Afrique, on fait feu de tout bois : toutes les caisses qui contenaient nos bagages vont être utilisées.
Le Père Lucas en a soigneusement retiré les pointes et déjà la plus belle planche sert d’autel dans la chapelle d’un village. Il va fabriquer buffets et tables de cuisine, deux modestes bureaux et quelques étagères. Entre ses tournées en brousse et son ministère à Tambaga, il s’active à la construction du dispensaire qui doit être terminé après l’hivernage, c’est-à-dire en septembre.

En attendant, Sœur Maria travaille dans une pauvre case ronde qui menace ruine. Cela n’empêche pas la clientèle d’être fort nombreuse : une centaine de personnes par jour. Certaines viennent de très loin et à pied : une pauvre femme fait 17 kilomètres, une autre 25 avec un bébé bien malade sur le dos.

Les Pères ont construit quelques cases à côté du dispensaire ; les malades pourront y rester quelques jours, s’y coucher sur des nattes et y prendre leur sabou, bouillie de mil qui est leur nourriture d’un bout à l’autre de l’année.

Les Rogations ont revêtu un aspect local très caractéristique. La bénédiction des semences s’est déroulée lundi à l’ombre d’un baobab au pied duquel était dressé l’autel. Ensemble, chrétiens et païens demandaient au Seigneur de bénir leur récolte, tandis qu’un groupe d’enfants, vêtus d’un rayon de soleil, jouaient aux cailloux à quelques pas. Mardi, l’offrande et la bénédiction des outils nous réunirent à nouveau, et mercredi, celle des animaux donna lieu à un rassemblement qui ne manquait pas de pittoresque : les poules, les pintades, les moutons et les porcs n’étaient pas très dociles. Les vieux ayant appris que le Père avait prié pour les animaux ont bien regretté de n’avoir pas amené les leurs. "Heureusement, conclut le Père Lucas, « car alors quelle ménagerie ! »

Depuis le 25 mai, c’est la fête du mouton : on tue des moutons, on mange du mouton… on boit du dolo… on se promène de concession en concession en l’honneur du mouton… Le Père Lucas a profité de cette fête de la nourriture pour acclamer l’Eucharistie, « nourriture des chrétiens », par la célébration de la Fête-Dieu. Très tôt nous étions au travail : un reposoir chez les Sœurs, un autel au sommet de la montagne, quelques rosaces… et à 7h 30, le Père célébrait la Messe devant plus d’une centaine d’assistants qui prirent part à la procession du St Sacrement. Toutes ces cérémonies intriguent singulièrement le pays : le grand Marabout a même changé la date de la fête musulmane, parce que c’était celle des chrétiens.

Plusieurs de ces chrétiens donnent de beaux exemples de fidélité. En voici quelques-uns parmi d’autres :
À l’occasion du mois de mai, les Scouts et Cœurs Vaillants de Diapaga ont placé une statuette de Notre-Dame dans un tronc d’arbre tout près de leur école (école publique) ; chaque soir ils se réunissent après la classe et récitent tout leur chapelet.

Grégoire (20 ans), baptisé à Pâques l’année dernière, est mis à la porte de sa concession parce que chrétien : le Père Lucas l’envoie à Piéla faire un stage de catéchiste et s’initier en même temps à l’agriculture. Rentré à Tambaga depuis Pâques, il a réussi à se faire ré-accepter et maintenant toute sa concession assiste à ses cours de catéchisme. Après l’hivernage, le Père l’enverra à Lobogou où, avec un autre, il essaiera de préparer l’établissement du Royaume de Dieu.

À Diapaga, Sr du St Nom de Marie terminait une réunion de Cœurs Vaillants quand Maxime (12 ans) arrive les larmes plein les yeux. Que se passe-t-il ? Depuis qu’il est chrétien on ne veut plus le voir, on l’oblige à travailler le dimanche pour l’empêcher d’aller à la Messe ; s’il refuse, on ne lui donne pas de nourriture ; orphelin de père et de mère, il est chez un oncle et les femmes de celui-ci reçoivent à coups de pierre les enfants qui viennent pour le chercher… Malgré tant de vexations, il continue et persiste dans son désir de devenir prêtre…

Extraits du Courrier Missionnaire, 1961, transmis par Sr Hélène R., SCR, Rennes

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Voir :
1er épisode
3e épisode

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