Ronan est un prénom donné assez fréquemment. Mais connaît-on vraiment ce saint ? Pour ma part, j’ai fait sa connaissance lors de mes dernières vacances en Cornouaille.
Les récits de la vie de ce saint, comme celle de beaucoup de saints bretons, mêle légendes et faits historiques et il n’est pas toujours facile de distinguer les deux. Mais il ne faudrait peut-être pas trop vite balayer d’un revers de main tout ce qui nous semble légende, car celle-ci avait toujours un message à livrer - message qui a pu se perdre avec le temps, c’est vrai !
Ainsi Ronan était censé se nourrir d’un poisson dont il prélevait une part, chaque jour, et ensuite il remettait ce poisson à l’eau. Evidemment, cela nous semble impossible. Mais quand nous faisons le lien avec ICHTUS qui signifie poisson et qui désigne le Christ, tout prend sens et nous rappelle que Ronan se nourrissait de la vie du Christ racontée dans les évangiles.
Bien d’autres faits merveilleux sont racontés à l’actif de Ronan et les habitués de la Troménie de Locronan ont la chance d’avoir un chant, à lui adressé, que la tradition a conservé et qui retrace tout ce qu’en ont conservé les souvenirs populaires. Derrière ces récits, on perçoit une volonté de montrer que la vie de ce saint anachorète reproduit certains faits et gestes accomplis par Jésus ou les Apôtres. Ainsi je ne peux m’empêcher de faire le lien entre ce que nous livre le Livre des Actes des Apôtres au chapitre 3, où Pierre et Jean, montant au Temple pour prier, guérissent un paralytique et ce qui nous est rapporté dans le récit de la vie de Ronan : « Car quelques pauvres malades étant, de cas fortuit, ou plutôt par spéciale providence de Dieu, venus à son Hermitage chercher l’aumône, le Saint, pauvre volontaire pour Jésus-Christ, ne leur donna ny or ny argent, mais bien ce qu’il avoit & qu’il pouvoit donner, à savoir la santé qui leur fut beaucoup plus chère que tout l’or du monde ».
Cependant, il s’agit bien d’un personnage historique venu d’Irlande pour évangéliser la Bretagne, plus spécialement La Cornouaille, où il avait élu domicile dans la forêt de Nevet, à trois lieues de Quimper. En fait, il vivait dans une pauvre hutte et s’adonnait à la prière et à la pénitence. Sa manière de vivre intriguait et beaucoup venaient le voir pour être guéris ou tout simplement l’entendre.
Mais, comme très souvent, sa manière de vivre suscita la jalousie d’une femme - Keben - et il dut s’exiler du côté d’Hillion où il serait mort, mais son corps fut ramené dans son ermitage de Nevet. C’est là que fut édifiée une chapelle et que s’est construit Locronan qui veut dire : lieu de Ronan.
Très tôt, Locronan devint un lieu de pèlerinage fréquenté aussi par les princes bretons qui firent preuve de générosité à l’égard du lieu, ce qui explique son développement.
G. Helleux SCR