Quand le cardinal Walter Kasper remit son livre sur la Miséricorde au Cardinal Bergoglio, celui-ci répliqua :« La miséricorde, voilà le nom de notre Dieu ! »
Si la Miséricorde est le point central de la foi chrétienne et l’attribut le plus significatif de Dieu lui-même, regardons ce que nous en dit la Bible.
Ce qu’en dit l’Ancien Testament :
Nous trouvons déjà le concept de la miséricorde avec Moïse et la libération d’Égypte du peuple d’Israël. Dans l’épisode du buisson ardent, Dieu se révèle à Moïse comme le Dieu qui entend le cri de son peuple et voit sa misère. « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Egypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre plantureuse et vaste… » (Exode 3,7). C’est ce qu’on pourrait appeler la grande voix de l’Exode. Tous ces verbes : J’ai vu, j’ai entendu ; je connais ; je suis descendu disent la présence, l’action et tout cela à l’actif de Dieu. Étonnante irruption dans l’histoire d’un Dieu en pleine action de salut ; en flagrant délit de parti pris pour les pauvres, les opprimés.
La Bible ne fait pas de discours abstrait sur Dieu mais dès l’Exode et à jamais, Israël est devenu témoin de Celui qui intervient pour les petits et pour les pauvres, de Celui dont le cœur est avec les hommes, car Dieu n’en reste pas à un constat : cela va aboutir à une action « Je descends pour délivrer ».
On pourrait parler de 3 révélations successives du nom de Dieu à Moïse :
- La 1re, lorsque Moïse lui demande à quel titre il peut aller voir Pharaon, Dieu décline alors son identité : YHWH ne signifie pas « Je suis », mais « Je suis avec vous et pour vous ».
Là s’exprime bien le mystère du Nom divin, finalement indicible. La révélation du Nom exprime donc la transcendance absolue de Dieu, mais elle manifeste aussi la sollicitude personnelle de Dieu envers son peuple, Lui qui s’est engagé à être présent et agissant dans l’histoire de celui-ci.
- Cependant, le peuple, lui, n’est pas fidèle : nous connaissons l’épisode du veau d’or (Exode 32). La colère de Dieu s’enflamme et Moïse brise les tables de la Loi.
Alors Moise intercède pour son peuple et rappelle à Dieu sa promesse. Il implore sa grâce et sa miséricorde : « Montre-moi ta Gloire ». Il s’agit bien là d’une deuxième révélation du Nom divin : Dieu crie son Nom à Moïse, en passant devant Lui : « Je fais grâce à qui je fais grâce et j’ai pitié de qui j’ai pitié » . (Ex 33,19). La Miséricorde divine n’est pas synonyme de familiarité, elle est l’expression de la souveraineté absolue de Dieu et de sa liberté inaliénable.
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Finalement, le lendemain matin, a lieu une 3e révélation du Nom. Dieu descend dans la nuée – symbole de sa présence mystérieuse - auprès de Moïse et lui crie : « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » (Ex 34,6).
Dans cette 3e révélation, la Miséricorde n’exprime pas seulement la souveraineté et la liberté de Dieu, mais aussi sa fidélité. Dieu, dans sa Miséricorde est fidèle à lui-même et à son peuple malgré l’infidélité de celui-ci. On peut reconnaître, dans cette 3e révélation, l’affirmation centrale d’Israël sur l’être profond de son Dieu. C’est pourquoi, cette formule va dorénavant être répétée dans l’Ancien Testament. Elle est devenue en quelque sorte le Credo de l’Ancien Testament.
C’est une invitation pour nous à relire ces chapitres de l’Exode.
A suivre…
Sr Gabrielle Helleux, SCR