Une décision étonnante !
Dans sa commune, elle était cotée comme « une chrétienne ». C’est vrai : elle allait à la messe, elle participait même à des réunions chrétiennes sur l’Evangile. Chacun savait son courage et son esprit de service…
Or, pour sa sépulture, elle a jugé bon de ne pas passer par l’église.
C’est un cancer qui l’a emportée. Mais cette épreuve, elle la vivait avec foi. Elle avait demandé à une amie religieuse de l’accompagner jusque dans ses derniers moments. Et sa famille était d’accord. Devant ce choix qu’elle avait exprimé depuis longtemps, des chrétiens avaient réagi fortement : « Elle s’est fait enterrer civilement ! ». Mais c’était décidé et elle ne venait déjà plus aux enterrements. Essayons de comprendre avec elle !
Madame L. était venue tard à la foi. Pour elle, se faire chrétienne, c’était passer à une tout autre évidence : c’est la vie, la vie de tous les jours qui doit être éclairée par le Christ. Dans une de ses dernières conversations, elle disait : « Je crois que le visage de Dieu que les gens ont dans la tête n’est pas le bon ! »
Elle se sentait libre par rapport à des habitudes, des traditions que les autres ont reçues dans l’enfance : « ce qui se fait », « ce qui doit se faire ». Elle ne pouvait enfermer sa foi dans des gestes rituels : « Le baptême, la communion, le mariage à l’église, l’enterrement religieux…, ça y est, on a tout fait ! ».
Elle avait sa logique (une logique chrétienne) à propos de la mort : « Quand la vie est finie, notre sort est réglé ; c’est plutôt avant de mourir qu’on a besoin de prières ». D’où son insistance pour que quelqu’un soit là « avant » et non « après ».
Ce n’est pas qu’elle critiquait les autres, mais elle trouvait naturel de témoigner de ce qui est fondamental : l’attachement au Christ pendant notre vie. Elle était heureuse quand on l’amenait au plus essentiel de la foi… Elle tenait à ce qui était vrai dans la vie de Jésus et qui le devenait aussi dans nos vies.
Sa décision dernière, elle l’avait défendue publiquement… Les siens ont respecté ses volontés : ils sentaient que c’était important pour elle. La veille de son décès, sans le savoir, son amie est venue et elles sont restées longtemps ensemble. Les siens ont dit : « Ce jour-là, elle était vraiment mal ; après ton passage, elle était bien ! »
L’enterrement n’était pas civil. La notice mortuaire disait : « Cérémonie au cimetière ». Les siens et des amis ont prié autour d’elle.
Notre vie remise à Dieu, jour après jour, fait que nous sommes déjà « passés de la mort à la Vie ».
Transmis par son amie, Sr M. A., SCR