Le Père Marcel AUBRÉE, délégué épiscopal à la vie religieuse du Diocèse de Rennes, a rejoint la Maison du Père, le vendredi 25 Janvier 2019.
Ses obsèques, présidées par le Père Henri CHESNEL, ont rassemblé en particulier de nombreuses religieuses pour une célébration d’une grande beauté tout en étant empreinte de simplicité, de l’aveu de nombreuses participantes. Marcel avait choisi lui-même les textes de cette célébration : Dt 8, 2-18 et Jean 2,23 et 3,1-9. Je laisse le Père Henri CHESNEL nous commenter l’Évangile :
Il y a comme une opposition entre la connaissance que nous pouvons avoir de Jésus et celle que Jésus peut avoir de nous. La foi peut être illusion si elle repose sur la seule vision du miraculeux. Et c’est la vision de Nicodème quand il dit à Jésus : « Personne ne peut accomplir les signes que toi, tu accomplis, si Dieu n’est pas avec lui ». Alors que Jésus, lui, connaît chacun de l’intérieur et voit bien que la foi n’est pas la foi si elle est fondée seulement sur le choc provoqué par ses miracles.
Et l’entretien de Nicodème avec Jésus est très intéressant parce qu’il va montrer quel est le chemin qui mène à une authentique connaissance de Jésus. Et voilà que Jésus désarçonne Nicodème en lui faisant savoir que le salut ne saurait être l’objet d’une discussion savante. Le salut résulte d’une nouvelle naissance d’en-haut. Nous n’en avons pas la maîtrise… Il s’agit bien de passer de “connaître” à “naître”. Jésus donne à comprendre à Nicodème qu’à l’image du vent dont on sent la force, mais que l’on ne peut saisir, la nouvelle naissance se caractérise par son caractère insaisissable…
Marcel, comme son ami Nicodème, a été un chercheur de Dieu, mettant son intelligence et son cœur au service de l’approfondissement des Écritures, servant aussi dans sa recherche théologique l’approche sacramentelle qui nous dit bien l’œuvre, l’irruption de Dieu dans nos vies si nous avons le cœur ouvert… Ce fut l’œuvre de la vie de Marcel, enracinée aussi dans un accompagnement des personnes malades, des personnes consacrées et de leurs communautés.
Il reste que le parcours de vie de Marcel sur cette terre s’est achevé dans une sorte d’agonie qui est toujours un combat - si on se réfère à l’origine de ce mot - une agonie qui peut rejoindre celle de Jésus lui-même. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus qui a su crier sa détresse intérieure. Jésus qui ne meurt pas en beauté… Prière balbutiante d’un homme qui croit encore malgré toutes les raisons de ne plus croire : « Mon Dieu, mon Dieu ! »
L’agonie de Jésus n’est pas belle, elle n’est pas glorieuse, elle est celle d’un homme qui mène le combat contre les sentiments d’absurde, d’abandon, d’injustice. Elle est un moment où l’on dit à la fois sa détresse, sa foi, son espérance et son amour. Combat mêlé de mouvements intérieurs contradictoires, comme tout combat qui mène l’homme à ses limites. Combat humain, bien humain, certains diraient « trop humain ». Mais c’est le combat du Verbe de Dieu fait chair, et que Dieu a ressuscité pour l’Éternité.
C’est cette vie avec son Dieu qu’il a cherché toute sa vie que Marcel est appelé à rejoindre aujourd’hui. C’est notre foi et notre espérance. AMEN
Transmis par Sr Gabrielle H., SCR