Marie « célèbre » à Pontmain

Marie nous apprend simplement à vivre la liturgie. Son apparition à des enfants le 17 janvier 1871 ressemble à s’y méprendre aux liturgies qui nous relient à Dieu.

L’apparition de Marie à des enfants de Pontmain, le 17 Janvier 1871, nous fait vivre une véritable liturgie qui dure trois heures… Elle est enracinée dans le réel de l’époque, la guerre : les Prussiens s’apprêtent à envahir la ville de Laval. Les habitants sont inquiets. Beaucoup de jeunes du village sont déjà partis se battre.

L'apparition de Pontmain. Vitrail de la Basilique.

Ce soir-là, dans l’imprévu le plus total, quelque chose se prépare à Pontmain.

Vers 6 heures du soir, Eugène sort de la grange où il travaille avec son père, juste pour voir le temps. Il fait froid, la neige recouvre le village. Il reste sans parole devant ce qu’il découvre dans le ciel étoilé : une « Belle Dame » qui lui sourit, qui semble l’attendre. Durant un quart d’heure, ils se regardent, présents l’un à l’autre comme au début de toute célébration où chacun attend que ce soit l’heure pour commencer. Une voisine arrive. Eugène lui demande de regarder au-dessus de la maison qui est en face. Jeannette ne voit rien. Par contre, son jeune frère Joseph, puis quelques enfants que l’on a fait venir sur les lieux font la même description qu’Eugène : « une belle grande Dame qui a une robe bleue, des étoiles dorées sur sa robe et des chaussons bleus avec des boucles d’or »… Les deux religieuses qui tiennent l’école sont arrivées, puis Monsieur le curé Guérin, puis les habitants du village intrigués par les bruits dans le bourg. Tous cherchent à "voir" mais ne remarquent rien de particulier… Seuls les enfants décrivent une « Belle Dame » dans le ciel, bras ouverts, souriante, qui les reçoit, à la manière de Dieu dans chaque "assemblée".
Ici, pas de cloches qui sonnent, mais une nouvelle partagée qui met en branle tout un village, croyants, incroyants, mal-croyants, chacun comme il est.

Une célébration commence.

Monsieur le Curé, arrivé plus tardivement à l’appel d’une religieuse, « comprend » sans rien voir. « Prions » dit-il simplement. Tous se mettent à genoux dans la neige. Chapelet, Magnificat, litanie à Marie, chants connus de tous vont se succéder et rendre l’assemblée participante à ce qui se passe. Marie va se révéler, en se conformant au contenu des prières choisies. Pendant le chapelet, elle grandit… Au chant du Magnificat, une banderole se déroule aux pieds de Marie, comme un tableau où s’inscrivent peu à peu des mots… Les enfants lisent, en ânonnant quelque peu : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps, mon Fils se laisse… » (disent les enfants) - « se lasse » - reprendra la religieuse voulant corriger un contre-sens. Mais non. C’est bien écrit « mon Fils se laisse… toucher ». L’émotion est totale dans l’assemblée.

Monsieur le Curé continue d’encourager la prière. Quand la banderole a disparu et que l’assemblée chante : « Ô Bon Jésus, enfin voici le temps de pardonner à nos cœurs pénitents… », les enfants annoncent que Marie « tombe dans la tristesse ». Elle saisit une croix d’un rouge vif, portant un écriteau blanc où est écrit en lettres rouges « Jésus-Christ ». Elle la présente, comme fait le prêtre pour l’hostie au moment de la Consécration. Au même moment, une étoile d’au-dessous de ses pieds monte et allume au passage les bougies de l’ovale. Un temps encore, et sur chacune des épaules de la Vierge, une petite croix blanche se pose. Une annonce de la Résurrection de son Fils ?

Maintenant, toute l’assemblée fait la prière du soir telle qu’elle est dite en famille. Quelque chose, comme un voile, monte petit à petit des pieds de Marie à son visage. À la fin de la prière, « C’est tout fini » disent les enfants. Il est neuf heures moins le quart, l’heure d’aller dormir. C’est dans cette même soirée que l’ordre parvient au général allemand Von Schmitt d’arrêter sa marche sur Laval. « Dieu vous exaucera en peu de temps ».

« Allez dans la paix du Christ » dit le prêtre à la fin de l’Eucharistie, et tous peuvent retrouver leurs maisons, le cœur tranquille. À Pontmain, Marie s’est manifestée, bousculant un peu le rituel d’une célébration. La grande nouveauté, c’est la "place" donnée aux enfants dans cette célébration. Ils sont les "premiers", comme le dit Jésus dans l’Évangile.

Sr Anne M., SCR, Fougères

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