Toussaint… mort… sainteté

Notre corps est semblable à un vase d’argile et une fleur est plantée dans le terreau de notre existence. Un jour, ce vase se brise. La fleur poussée dans l’humus de notre quotidien ne meurt pas…

Cimetière de Rillé-Fougères

En ces temps de la Toussaint, nos cimetières - ces lieux où reposent ceux qui sont endormis dans le sommeil de la mort - connaissent une recrudescence de visiteurs. Et ils sont devenus des jardins de fleurs. Temps du recueillement, du “faire mémoire” qui implique une relation affective perdurant au-delà de la disparition corporelle. Regardons la mort du côté de la vie : elle est une rupture charnelle faisant saigner nos cœurs de chair.

Tentons une approche imagée de la mort, un petit chemin de compréhension : Notre corps est semblable à un vase d’argile et une fleur est plantée dans le terreau de notre existence. Un jour, ce vase se brise pour différentes raisons : c’est notre mort physique. La fleur poussée dans l’humus de notre quotidien ne meurt pas. La preuve en est que la relation avec l’être disparu perdure sous un autre mode relationnel, d’une manière mystérieuse et difficile à verbaliser. Ne faut-il pas au poussin briser la coquille pour accéder à un autre mode de vie ? Ne faut-il pas au bébé forcer les chairs du ventre-mère pour parvenir à une liberté en devenir ? Deux expériences marquées par une « cassure » et une transformation d’un état à un autre. Et comment comprendre la métamorphose de la chenille en papillon ?

La mort me fait penser à un jardinier transplantant la fleur de ma vie dans un autre terreau, celui de l’Amour de Dieu. Cette transplantation définitive me fait accéder à une totale maturité : celle de l’amour de Dieu pleinement. Pour cela, il faut quitter le vase d’argile devenu inutile et sans raison d’être, puisqu’il ne peut plus contenir ma propre existence.

Et la sainteté, que pouvons-nous en dire ? C’est l’aujourd’hui de Dieu vécu à travers les valeurs évangéliques et voilà le terreau où pousse la fleur de mon existence. Jésus nous trace ce chemin : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14/9) ; notre approche de Dieu n’est aujourd’hui que parcellaire. Nous sommes des chercheurs de Dieu avec nos réussites et nos errances, tel est le chemin vers la sainteté. Notre vie est encore comme un canevas à réaliser. Nous le tissons à l’envers où s’entremêlent les fils. Nous ne voyons que l’imbroglio des fils sans voir le dessin qui se profile. Par le passage de la mort, nous aurons accès au canevas du bon côté. Oui, l’amour de Dieu transfigure notre vie et Dieu alors de nous dire : « Viens bon et fidèle serviteur… Entre dans la joie de ton Maître » ( Mt 22/53). Alors nous chanterons le psaume 125 : « Merveilles, merveilles que fît pour nous le Seigneur ! »

La Bible, lumière sur notre route…

Écoutons ce que nous dit Benoît XVI dans son livre “Derniers entretiens” (2016) : « A ma mort, je prierai Dieu d’être indulgent avec ma misère… L’éternité, c’est le moment de l’immersion dans l’océan de l’Amour de Dieu dans lequel l’avant et l’après n’existent pas ».

R. Frénel, Toussaint 2020

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