Vous avez dit :« Temps ordinaire ? »

Nous voilà, liturgiquement parlant, revenus au « Temps ordinaire » et ce jusqu’à la veille du 1er dimanche de l’Avent. Mais pourquoi cette appellation, qui peut nous surprendre ?

D'après Prions en Eglise

Nous voilà, liturgiquement parlant, revenus au « Temps ordinaire » et ce jusqu’à la fin de l’année liturgique en cours, le 29 Novembre, veille du 1er dimanche de l’Avent.
Mais pourquoi cette appellation, qui peut nous surprendre ? Est-ce à dire que nous allons sombrer dans la médiocrité ? Quelques rappels historiques vont nous permettre de mieux saisir la signification profonde de ce temps.

Ce que recouvre l’expression :
Le mot “ordinaire” n’est pas nécessairement synonyme de sans valeur. Il désigne ce qui fait la trame habituelle de nos journées avec ses grisailles mais aussi ses éclaircies, ses difficultés mais aussi ses nombreux petits bonheurs possibles si nous savons les voir. C’est d’ailleurs ce qui remplit la plus grande partie de nos existences.

Cet adjectif “ordinaire” entre dans trois expressions de la réalité ecclésiale :

  • Ordinaire de la messe  : Ensemble des prières dont le texte est invariant et qu’on retrouve dans les messes tout au long de l’année (à la différence du « propre du temps » ou du « propre des Saints »).
  • L’ordinaire du lieu ou évêque du lieu.
  • Le temps dit “ordinaire” - 34 semaines au total - qui est constitué de deux périodes. La première commence après le temps de Noël et s’achève au Carême ; la seconde s’étend du lundi qui suit la Pentecôte jusqu’au 1er dimanche de l’Avent. C’est donc le temps liturgique le plus long de l’année.
Tel le Missel de mon enfance…

En fait, cette appellation date de 1970, après le Concile Vatican II. Le missel de mon enfance parlait du temps après l’Epiphanie, du temps de la Septuagésime pour les 3 dimanches avant le Carême et du temps après la Pentecôte.

Mine de rien, ces changements apparemment anodins nous convient à une véritable révolution : Le temps liturgique n’est jamais “ordinaire” au sens courant du terme. En effet, « La liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Eglise et en même temps la source d’où découle toute sa vertu » affirme le Concile, dont l’intention était de revaloriser le dimanche.

C’est le retour aux sources et à la centralité du mystère pascal qui donne aux dimanches du temps dit ordinaire une autre perspective :

« On n’y célèbre pas un aspect particulier du mystère chrétien, mais on chemine au fil des jours vers le Père, dans la lumière du Christ, sous la motion de l’Esprit. (…) Les dimanches du temps ordinaire sont le mémorial hebdomadaire de la Pâque du Seigneur, le jour du Seigneur et le Seigneur des jours : jours de l’assemblée des chrétiens autour de la Parole et de la table eucharistique, jour de célébration du baptême et de son souvenir » (Pierre Jounel).

Assemblée dominicale de ma Paroisse

Et donc, chaque dimanche “ordinaire”, en vivant le mystère pascal, nous faisons entrer le temps de Dieu dans le temps humain, ou plutôt nous inscrivons l’existence humaine dans le temps de Dieu. C’est-à-dire que dès cette vie, le temps de Dieu transfigure le temps, mais aussi l’activité de l’homme, comme le dit si bien la 6e préface du temps ordinaire :
« Dans cette existence de chaque jour, que nous recevons de Ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée ».

Sr Gabrielle H., SCR.

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