C’est autour d’une dalle, posée au Trocadéro à Paris qu’a eu lieu la 1re Journée Mondiale du refus de la misère, le 17 octobre 1987. Avec cette inscription : « Là où les gens vivent dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ».
Ce dont le plus pauvre souffre le plus, c’est de la honte. Voici ce qu’a dit Mme MARTINE au Président de la République récemment en visite au Centre de Promotion Familiale ATD Quart Monde de Noisy-le Grand : « On nous accuse souvent d’être des profiteurs, des fraudeurs, des fainéants, qui préfèrent se la couler douce avec le RSA plutôt que de travailler. Ceux qui tiennent ces propos sont dans l’ignorance de ce que nous vivons » (cf La Croix du 11 septembre 2018).
Joseph WRESINSKI, fondateur d’ATD Quart Monde, l’a vécu tout enfant. « Chaque matin pendant 11 ans, dès 7 H, je courais servir la messe chez les Sœurs du Bon Pasteur à Angers pour recevoir notre gamelle de nourriture… Il fallait que maman ait bien faim pour me jeter tous les matins dans la rue. Un homme ne peut vivre ainsi sans réagir. Ce fut pour moi comme un tournant. C’est grâce à ma mère qui m’a appris à me battre, non pas par vengeance de l’humiliation, mais pour libérer le peuple des exclus » (cf Le livre « Le P. Wresinski : Les pauvres sont l’Eglise »).
Depuis, qu’est-ce qui a changé ? Notre société, dont on parle souvent avec alarmisme, qu’a-t-elle engendré ? Des progrès ont été faits, certes, mais qu’en est-il de la misère qui envahit toujours nos villes et nos villages ? Sans doute n’avons-nous pas été assez audacieux. Qu’avons-nous fait de l’intuition du P. Joseph W. qui a voulu créer un Mouvement dont les plus pauvres seraient le centre, c’est-à-dire avec une dynamique à partir d’eux, de leurs pratiques, de leurs idées, bâtir avec eux des projets, rencontrer ensemble des politiques et les inciter à changer leur mode de gouvernance… C’est à ce programme qu’adhèrent les Volontaires et les Alliés du Mouvement ATD Quart Monde et tous ceux qui les rejoignent.
« Aucun homme n’est jamais en fin de course », poursuit le P. Joseph. « Si les pauvres étaient en mesure d’affirmer que la consommation, le profit pouvaient ne pas être les uniques moteurs de la vie, de la société, une nouvelle humanité sans misère verrait le jour… »
« D’emblée, dit-il, il faut faire la jonction audacieuse entre le plus pauvre et Jésus-Christ : ils ne font qu’un » (P. Joseph Wresinski)
La Journée mondiale du Refus de la misère du 17 octobre 2018 : un appel peut-être à revisiter notre manière d’approcher les plus pauvres…
Sr M. Françoise CUPIF, SCR, Rennes