1961 : du renfort arrive à Tambaga…

4e épisode

4e Episode : 1961. Quatre Sœurs de Rillé-Fougères viennent d’arriver pour la 1re fois à Tambaga. Un couple de Laïcs et une Sœur néerlandaise les rejoignent bientôt…

Nous sommes en 1961. Quatre Sœurs de Rillé-Fougères viennent d’arriver pour la 1re fois à Tambaga, à l’est du Burkina Faso, après un long voyage…

L’Esprit Saint souffle où il veut et choisit ses envoyés dans tous les milieux. Il a fait comprendre à deux jeunes époux : Mr et Mme Marin (de Chatillon-en- Vendelais), le cri d’alarme de Pie XII dans Fidei Donum. Ils échangent les nombreuses et enrichissantes randonnées de leur jeunesse à travers la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Afrique du Nord contre la brousse et ses habitants. Ils partent bien conscients de ce qui les attend, vers une civilisation toute différente de la leur, et qui exige une adaptation dont ils n’ignorent pas les difficultés et les renoncements.

Monsieur et Madame Marin

La femme, jeune institutrice, se consacrera (auprès de son ancienne maîtresse, Mère Henriette, Supérieure de la Mission) aux petits Gourmantchés. Son mari, abandonnant l’exploitation agricole qu’il a contribué à moderniser, se met au service du Père Supérieur de la Mission. Les constructions, la formation rurale des jeunes, l’Action Catholique, autant de tâches qu’il sera heureux de partager avec lui.

Le 4 octobre 1961, en la fête de Saint François d’Assise, ils embarquaient sur le « Général Leclerc » à destination d’Abidjan. Date providentielle pour ces deux missionnaires qui redoutaient de « s’enliser dans le confort » alors qu’il y a tant de misères à soulager dans le monde.

La France n’a pas le monopole des dévouements. Dès le premier départ, des Sœurs de Rillé de nationalité hollandaise avaient sollicité leur envoi. Il a fallu patienter…

Mais à quelque chose malheur est bon. Toute la population de Stramproy (dans le Limbourg hollandais), ayant appris la déception de la religieuse-infirmière du pays, Sœur Léonie THIJSSEN, en même temps que son ferme espoir d’être un jour acceptée, n’a cessé de lui prodiguer, avec ses regrets, des remerciements débordants de générosité qui lui permettront bientôt de s’y rendre.

Soeur Léonie, néerlandaise

Elle part en effet le 12 novembre 1961. Cette même année, 393 partants se retrouveront à la cathédrale de Ruremonde (Limbourg), pour recevoir la croix de Mission des mains de Mgr MOORS.
Sœur Léonie est, à Orly, accompagnée de la Supérieure Générale et de la Mère Assistante de Rillé. À l’heure dite, 9 heures, le décollage du T.A.I., qui emporte quelques 70 personnes, s’effectue sans encombre dans un bruit de moteurs assourdissants. Il est bientôt au-dessus des nuages et insensiblement gagne son palier d’altitude : 11 000 m. Après une heure d’escale à Marseille, le T.A.I. file directement sur Niamey (Niger) où il atterrit à 15h 30. En quelques heures, l’hospitalière Afrique reçoit les voyageuses sous un soleil de plomb. Mgr Berlier, évêque de Niamey, et Mgr Chantoux les accueillent avec leur bienveillance coutumière.

La voiture se dirige maintenant vers l’embarcadère du Niger pour la traversée du beau et large fleuve. N’était-ce l’accablante chaleur, on se croirait à St Servan, sur la Rance !

Kantchari (à 150 km), où missionnent des Sœurs canadiennes, est le but de cette première étape. La seconde Kantchari-Diapaga (60 km) s’avère plus aléatoire, quoique moins longue. La piste, ravinée par les pluies de la saison humide qui vient de se terminer, est encore en très mauvais état, et le marigot de Boudiéri, qui a valu aux Sœurs un sensationnel retour de retraite, ne peut se franchir qu’avec précautions, bien qu’il soit maintenant sec. Enfin, voici Diapaga, chef-lieu du Cercle (un Cercle dans le pays correspond à un arrondissement) ; visite à la chapelle de la Mission, au Commandant du Cercle, arrêt à la poste (c’est le seul moyen d’avoir le courrier à Tambaga)… Et en route pour la dernière étape (40 km) sur une piste encore moins carrossable. Il faut véritablement être passé maître dans l’art de conduire ; c’est un vrai sport pour Monseigneur qui a une remarquable sûreté de mouvement pour éviter les ravins et épargner aux passagères les cahots de ces chemins innommables.

Enfin vers 17 heures, c’est l’arrivée à Tambaga. Bientôt on aperçoit l’école et les enfants groupés autour des Pères Rédemptoristes et des Sœurs. « L’avenue des Champs Elisées » annonce Mgr Chantoux, à quelques centaines de mètres.

De récentes plantations, protégées contre la gourmandise des ânes par un « secot » (genre de paillasson) donnent en effet un cachet particulier à l’allée qui conduit à Tambaga. Mais ce n’est qu’une pompeuse comparaison !

Des sièges ont été préparés sur la terrasse. Un élève prononce le discours de bienvenue, puis, c’est l’hymne de la Haute-Volta chanté à plein cœur, en français. Une douzaine de Scouts (il n’y a que douze pipeaux) exécutent quelques airs du Père Duval. Les pipeaux sont arrivés depuis quelques jours seulement, mais ces jeunes garçons s’en tirent presque en virtuose, à la grande satisfaction de Monseigneur qui désirerait bien les avoir le 8 décembre à la bénédiction de la Basilique de Diabo (300 km) !

Le Commandant du Cercle de Diapaga, nouvellement nommé, adresse aux Missionnaires un chaleureux merci pour le bon travail qu’ils accomplissent ; il souhaite les garder longtemps : « Ma meilleure compagnie est celle des Missionnaires. Avec eux, parmi eux, je me sens en famille ». Père de 5 enfants, très bon chrétien, il était Commandant à Bogandé depuis six mois seulement, quand il s’est vu muté à Diapaga, considéré jusqu’ici comme un Cercle pénitencier. Il en était tout affligé ; mais en y arrivant, il a été heureusement surpris de rencontrer un Père, et des Religieuses qui s’y rendent chaque semaine. Il a repris courage et confiance et essaie d’obtenir du gouvernement l’aide matérielle pour la réfection des pistes et l’organisation plus rationnelle du Cercle de Diapaga.

Les 5 premières Soeurs missionnaires à Tambaga

Extraits du Courrier Missionnaire, Rillé - Fougères, 1961

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Voir :
épisode 1
épisode 2
épisode 3
épisode 5

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