Accueillir l’étranger qui passe devant notre porte… c’est possible !
Il était une fois… c’était un samedi soir, le 17 septembre 2017, aux environs de 18 heures. Deux hommes traversent la place du Loroux, traînant chacun une charrette surchargée. Tout de suite, on pense à deux clochards. On s’est dit : « Mieux vaut fermer notre porte ». Bref ! Ils prennent la route de Larchamp.
Un quart d’heure passe… On les aperçoit de nouveau et les voilà arrivés à notre porte en compagnie d’une voisine. On ouvre un peu, contraintes et craintives. La voisine prend la parole et nous dit :
- Monsieur le Maire n’est pas là. Ces deux personnes cherchent où loger cette nuit. Un brave homme nous a dit : « Allez donc voir les sœurs ! ». Ce à quoi, Elise et moi répondons :
- Oui, mais nous n’avons pas de place pour vous loger.
- Je sais bien, dit la voisine. C’est alors que l’on cherche ensemble qui pourrait les loger ! On “fait le tour” du bourg et l’une de nous propose la maison de Marthe. Entre temps, on s’est aperçu que ce ne sont pas de simples clochards. L’un d’eux a la “bure” de St François d’Assise. Sa Maison-Mère est en Bavière. C’est un Franciscain en compagnie d’un docteur. Ils font une marche, à l’aventure, sans argent, à pied, en allant de porte en porte, ayant pour motif l’aide à des associations caritatives. Ils avaient fait 37 Km dans la journée, se sachant sponsorisés.
Avec le Franciscain, je me rends chez Marthe, la voisine d’en face. Nous sonnons et posons notre requête :
- Acceptez-vous de loger 2 personnes cette nuit ?
- Oui, il y a la grande salle ici, mais le bruit de la route risque de gêner votre sommeil dont vous avez tant besoin. Il y a aussi cette petite salle, tout à côté, où vous pouvez disposer des toilettes. Les marcheurs avaient leur nécessaire pour la nuit. Ils sont plus que satisfaits de leur hôtel !
- Pendant que vous vous installez, sœur Elise et moi allons vous préparer un bon repas que vous viendrez prendre à la Communauté, ainsi que le petit déjeuner, demain matin.
Ils avaient faim, leur charisme était d’être mendiant. Leur appétit fut bon. Ils apprécièrent beaucoup le menu préparé ! Comme ils parlaient allemand, les gestes ont été parfois un précieux secours, ce qui a provoqué de bonnes rigolades. Ayant connecté son ordinateur, le Franciscain a pu compléter son carnet de bord. Tout est rentré dans l’ordre pour la nuit. Comme convenu, à l’heure fixée par eux, ils sont revenus pour le petit déjeuner.
Après une bonne accolade et des “mercis” chaleureux, ils sont repartis avec leur chargement, toujours à pied. Merci à Marthe qui a répondu “oui”. Comme je lui demandais le lendemain :
- Avez-vous bien dormi ?
- J’ai mis du temps… mais après, j’ai dormi du sommeil des justes sans plus penser à rien.
C’est facile de dire : « Il faut être accueillant ». Quand l’occasion se présente, quelle hésitation ! Chacun regarde par la fenêtre au lieu d’ouvrir sa porte. S’il est assez aisé de réfléchir sur le thème de l’année synodale « Soyons des communautés fraternelles et accueillantes », il est plus difficile de passer à l’acte. Jésus, pourtant, nous dit que nous sommes tous frères.
Sœurs Elise et Anne-Marie, SCR, Le Loroux (35) Recueilli par Sr Gabrielle Helleux, SCR