Amitié devenue fraternité

Céline et Yvonne sont deux femmes qui ont en commun l’enfance et l’adolescence vécues dans la même institution à caractère social, c’est-à-dire privée du bonheur de la vie familiale.

Céline et Yvonne sont deux femmes qui ont en commun l’enfance et l’adolescence vécues dans la même institution à caractère social, c’est-à-dire privée du bonheur de la vie familiale. Elles sont restées en lien avec moi qui était leur éducatrice, et ont eu l’occasion de se rencontrer au cours de 3 décades de manière banale.

hôpital

Mais voilà que l’une d’elle, Céline, se trouve hospitalisée loin de son domicile habituel et vit une grande épreuve de santé à laquelle s’ajoute l’incurie de ses enfants, et une grande solitude. L’apprenant, Yvonne et son mari envisagent d’aller la voir à l’hôpital… à 250 kms ! Joie et surprise de Céline, heureuse de pouvoir parler, de confier ses difficultés, d’évoquer ses enfants indifférents, eux-mêmes en situation de grande précarité. Yvonne, à ce point de vue très gâtée, est touchée par cette détresse morale et en même temps par le courage dont Céline fait preuve.

Un déclic se produit : “Il faut apporter de l’amour à Céline, et pour cela l’entourer”.

C’est alors le début d’une relation particulièrement riche et fidèle qui va durer 6 mois, à raison d’une visite hebdomadaire et du téléphone quotidien. Le jour de Noël, avec l’approbation de leurs enfants, Yvonne et son mari prennent la route pour porter à Céline un magnifique bouquet de roses. Émotion réciproque : larmes, évocation de leurs Noëls d’enfance, des éducatrices qui les ont marquées.

Le dimanche suivant, je suis associée à la visite, et témoin de la joie qui éclaire le visage de Céline. L’hospitalisation se prolonge et l’accompagnement avec… Jusqu’au jour où Céline refuse l’acharnement thérapeutique et obtient son retour à domicile. Lucide mais insécurisée, elle multiplie les appels. Yvonne fait face. Véritable compagnonnage jusqu’au bout. Et l’impossible se produit : les enfants arrivent à temps pour être là au moment de son « départ »…

Personnellement, je suis admirative devant l’engagement de ce couple très modeste et profondément uni, qui instaure une relation d’une telle qualité, relation totalement gratuite, inspirée par l’amour… fraternel ! Page d’évangile vécue (cf Mtt 25).
Je rends grâce au Seigneur pour l’œuvre de vie de la Justice de Dieu réalisée silencieusement dans le cœur de chacun et dont j’ai eu le bonheur d’être témoin.

Sœur G. T., Sœur du Christ Rédempteur

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