Autour de la Prison… et des Gens de la rue

Je suis bénévole dans une maison d’accueil des familles de détenus. Dans ce lieu situé en face de la Maison d’Arrêt de Tours, les familles qui le désirent peuvent venir attendre l’heure de la visite de leur proche détenu.

Depuis une douzaine d’années, je suis bénévole dans une maison d’accueil des familles de détenus. Dans ce lieu situé juste en face de la Maison d’Arrêt de Tours, appelé “La Petite Maison”, les familles qui le désirent peuvent venir attendre l’heure de la visite de leur proche détenu. Deux bénévoles chaque après-midi sont là pour les accueillir dans une atmosphère bienveillante autour d’un café ou d’une boisson.

Notre mission : les écouter, les informer sur les démarches à faire, les réconforter… On est souvent témoins admiratifs de la fidélité et du courage de ces femmes qui viennent régulièrement visiter leur conjoint ou leur fils afin de maintenir le lien familial et les réconforter.

Cette “Petite Maison” est aussi un lieu qui permet de belles rencontres. J’en citerai deux qui m’ont bouleversée :

  • C’est Sandra, visiteuse de prison, qui est venue à la permanence récupérer un duvet apporté pour un de ses “protégés”. Elle m’a confié que depuis quelques mois, elle s’occupe de trois personnes à la rue qui sont proches de la mort. Le duvet est d’ailleurs pour l’un d’entre eux.

• Qu’est-ce que tu fais avec eux ? • Je les accompagne vers la lumière. Etrange réponse pour quelqu’un qui ne se dit pas croyante ! • J’ajoute : « C’est beau ce que tu fais » • Tu sais, toutes ces rencontres, ça me fait vivre. Comment ne pas voir là que l’Esprit travaille au cœur des personnes de bonne volonté ?

  • Et tout dernièrement, c’est Marie-Claude, bénévole avec moi ce jour-là. Elle me confie : « J’ai commencé mon métier d’infirmière à Paris, aux urgences. J’avais repéré un gars de la rue qui hésitait à entrer. Je lui ai dit : “Viens, je vais te trouver un brancard et une couverture, un bon bain, des vêtements de rechange…” Au petit matin, vers 6h, on prend notre petit café ensemble et à cause du changement d’équipe je le laisse repartir vers la rue… Deux ans après, j’avais changé de service, et, qui je vois, allongé sur un brancard ? C’était lui que j’avais soigné plusieurs fois : il était mort dans la rue… Le choc ! De là m’est venu ce désir de faire des maraudes. Plusieurs années, Marie-Claude est allé avec d’autres bénévoles le soir, entre 18 h et 21 h, à la rencontre des gens de la rue, distribuant soupes et boissons chaudes…

Ma prière - ce soir-là - a été un vibrant merci à Dieu d’avoir mis en son cœur toute cette bienveillance à l’égard des exclus. Dans notre monde déboussolé et en proie à la violence, Dieu a mis des petits signes d’espoir. A nous de les accueillir et de coopérer. Le salut de Dieu passe par tous ces simples gestes quotidiens d’entraide et de solidarité.

Sr Marie-Thé R., SCR, Tours, décembre 2019

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