Dialoguer sur Internet

Peut-on vraiment parler de dialogue sur Internet ? Un rapide coup d’œil sur les réseaux sociaux peut nous laisser perplexe face à cet enjeu ! Oui, on peut dialoguer, mais à certaines conditions.

Communiquer par internet

Peut-on vraiment parler de dialogue sur Internet ?

Un rapide coup d’œil sur les réseaux sociaux peut nous laisser perplexe face à cet enjeu ! Julien DUPONT - prêtre de Poitiers - nous a donné quelques éléments de réflexion, le 1er mars, lors d’une session de la CORREF. En voici quelques-uns pouvant nourrir notre réflexion sur le dialogue, que ce soit via Internet ou non !
Il faut certaines conditions…

I - Internet est vu par certains chercheurs comme une juxtaposition de positions, d’idées, le lieu de l’incommunication du fait que chacun est dans son monde, disant ce qu’il a envie de dire sans penser à la cible. La multiplication des canaux - tels les réseaux sociaux - n’a pas forcément aidé à la progression de la qualité du contenu, ni à la réflexion. Dominique Wolton, assure même que nous sommes, sur internet, au stade de la Tour de Babel !

Cette question de la communication préoccupe l’Eglise depuis longtemps. Déjà, dans « Communio et Progressio » - en 1971 - elle définissait ainsi les objectifs visés : « Les moyens de communication sociale contribuent à augmenter l’union entre les hommes et à favoriser leur mutuelle collaboration. Ils présentent un triple intérêt : ils aident l’Eglise à se révéler au monde moderne ; ils favorisent le dialogue à l’intérieur de l’Eglise ; ils apprennent à l’Eglise les mentalités et les attitudes de l’homme contemporain, car Dieu l’a chargée de porter à cet homme le message du salut, dans un langage qu’il puisse comprendre, à partir des questions qu’il se pose et qui lui tiennent à cœur ».

Bonne grille de réflexion : est- ce cela ce que nous cherchons sur Internet ?

Dialoguer, c’est quoi ? Ce n’est pas convaincre son détracteur ni trouver une vérité médiane. Il s’agit de permettre à chaque partenaire de la conversation d’affiner sa propre compréhension et sa propre recherche personnelle.

II - Comment faire concrètement ? L’attitude du Christ, Communicant hors pair, est éclairante. Contemplons « la manière de Jésus » dans l’épisode de la Femme Adultère (cf Jean 8) :

  • une parole qui vient après un silence. Christ n’a pas commencé par parler mais par écouter. Sa 1re prise de parole est le silence : si Jésus est muet c’est pour donner du poids à ce qu’il s’apprête à dire. Aucune parole riche de sens ne peut exister sans silence…
  • une parole qui ne juge ni ne condamne. Ce texte de la Femme adultère se situe entre Jn 7, 24 « Cessez de juger sur l’apparence » et 8,15 : « Moi, je ne juge personne ! » Jésus est celui qui ne juge ni ne condamne. Ce faisant, Jésus cherche à respecter chaque personne, chaque situation.
Jésus et la femme adultère. Lucas Crannach le Jeune, 1545
  • une parole qui relève. Le verdict final du Christ va vers l’ouverture ; il crée de la vie là où il n’y en avait plus ! « Va et ne pèche plus ». « Cette parole est naissance, création, parce qu’elle provoque à son tour du neuf chez tous ses auditeurs. Bref dès que Jésus parle, dès que Jésus communique, c’est l’univers stérile de la répétition qui se brise ; c’est un monde nouveau qui s’ouvre » (Cf. Joseph Caillot)
  • une parole qui engage à accorder pleinement actes et paroles. Si la Parole de Jésus a du crédit face à cette femme, c’est précisément parce que lui-même ne dévie pas ! Il est celui qui met en accord sa parole et ses actes. Il lui ordonne de ne plus dévier, parce que lui-même ne dévie pas.
  • une parole qui promeut la communion. Pour promouvoir la communion, Jésus communique sans dominer quiconque. Sa parole prend en compte son auditeur, non d’abord pour qu’il reçoive le message, mais pour que celui qui entend la parole puisse lui-même répercuter, redire cette parole.

III - Dialoguer, c’est prendre en compte l’autre
« Un dialogue est beaucoup plus que la communication d’une vérité… C’est un bien qui ne consiste pas en des choses mais en des personnes qui se donnent mutuellement dans le dialogue » (Cf. Pape François : Joie de l’évangile N° 142)

Ce que l’autre peut m’apporter équivaut à ce que moi je peux lui apporter ! Cela veut dire que s’il y a dialogue, il y a d’abord et avant tout écoute…

Ecouter…

Sr Gabrielle H., SCR, Liffré (35)

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