Grâce à des hommes et des femmes au coeur d’or !

Joseph Guésiwendé BEOGO vient d’être nommé juge au Tribunal de grande instance de Kaya (Burkina Faso). Originaire de Salembaoré (lieu de mission des Sœurs du Christ Rédempteur), il raconte le difficile chemin parcouru…

Joseph Guésiwendé BEOGO vient d’être nommé juge au Tribunal de grande instance de Kaya (Burkina Faso). Originaire de Salembaoré (lieu de mission des Sœurs du Christ Rédempteur), il raconte le difficile chemin parcouru…

« Ma vie au départ contenait les germes de l’échec, il se sont transformés au fil du temps en semences de réussite. Cela à cause du travail personnel certes, mais également grâce à des parents formidables, combatifs, croyants qui se sont donnés totalement à Dieu et qui ont su abandonner également leurs enfants entre les mains de Dieu. Il a toujours, en effet, une solution à toute situation de désespoir, grâce à des hommes et femmes au cœur d’or.

Juge BEOGO avec sa famille : Thérèse, Raoul, Samuel

Je suis né le 18 septembre 1989 à Salembaoré (Burkina Faso). Quand je naissais, mon père BEOGO Jean-Pierre n’avait plus ses yeux. Sept années plus tard, c’est sa femme, TARAMA Pauline qui quittait ce monde. Malgré le handicap de mon père, on cultivait ensemble lorsque les semences avaient une certaine hauteur. Je lui montrais simplement, au cas où son sens le laissait indécis, s’il s’agissait d’herbes ou de plants à épargner. Il confectionnait aussi des cordes pour pourvoir à certains besoins élémentaires…

Au décès de maman, il avait été suggéré au papa de consentir à la déscolarisation de la grande sœur afin qu’elle reste auprès nous. Il n’a pas cédé, de même que pour la non-scolarisation de mon petit frère. Des parents et âmes de bonne volonté venaient préparer le repas pour nous. La situation obligeant, très vite tout le monde allait se mettre à la tâche : puiser l’eau, faire la cuisine, laver ses habits, laver la vaisselle… Quand on ne trouvait pas de volontaire qui nous puisait l’eau, je tenais le bâton de papa tandis que lui tenait le seau d’eau d’une main, ce jusqu’à ce que je sois capable de porter le seau d’eau moi-même. Nous apprîmes à cuisiner, même le tô, dès le primaire…

Juge BEOGO avec Srs Anne et Angèle, SCR, en mission à Salembaoré

Relativement à mon cursus, j’ai fait les classes du primaire à l’école publique de Salembaoré de 1995 à 2002. Après quoi je me suis retrouvé au Petit séminaire de Baskouré dans le diocèse de Koupèla. J’y ai fait la classe de 6e (2002-2003) et les suivantes jusqu’à la classe de 1re (2008-2009). La Sœur Madeleine L. (de Salembaoré) et une âme d’une générosité inouïe - qui souhaite garder l’anonymat - ont pris financièrement et intégralement les frais occasionnés par ma formation au séminaire.

A la fin de la classe 1re, je quittai le séminaire pour Ouagadougou où je fis la classe de Terminale et passai l’examen du baccalauréat avec succès au Groupe scolaire saint Viateur de Ouagadougou en 2010. J’obtins également la bourse nationale et entamai les études universitaires en sciences juridiques et politiques.

Après quatre années d’études, j’obtins la Maîtrise en droit / option Droit des Affaires, en 2014. En 2016, je fus reçu au concours de la Magistrature. C’est ainsi que je fis trois ans de formation (2016-2019) à l’Ecole Nationale de Magistrature, à l’issue de laquelle j’ai été nommé juge au Tribunal de grande instance de Kaya.

Conformément à la loi, les nouveaux magistrats avant d’entrer en fonction prêtent serment devant la cour d’appel du ressort de leur juridiction. Ce à quoi, nous (mes collègues et moi) nous sommes soumis le 20 janvier 2020.

Juge BEOGO et ses collègues, lors de la prestation de serment le 20 janvier 2020

Le juge est de façon caricaturale, la bouche de la loi. Il applique la loi. Il décide de la solution à donner à un litige qui lui est déféré conformément aux lois de son Etat. Les domaines d’intervention sont divers. Il tranche les questions familiales, les litiges commerciaux, les conflits fonciers, les affaires pénales… C’est en substance ce qui m’attend ».

Juge BEOGO

Témoignage transmis par Sr Madeleine L., SCR, Vitré

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