Hommes et femmes, la nouvelle donne

Plusieurs Sœurs du Christ Rédempteur ont participé, cette année encore, aux Semaines Sociales de France, les 23-24-25 novembre 2012. Quelques échos…

Plusieurs Sœurs du Christ Rédempteur ont participé, cette année encore, aux Semaines Sociales de France, les 23-24-25 novembre 2012. Deux d’entre elles en donnent ici quelques échos…

Le Président des Semaines Sociales de France : Jérôme Vignon

« Hommes et femmes, la nouvelle donne »

Thème récurrent depuis des décennies, mais aussi d’une actualité brûlante…

L’accès des filles à l’instruction, puis celui des femmes à la contraception leur ont ouvert le monde du travail ; les femmes sont devenues financièrement autonomes. Cette situation a fait éclater l’antique partage des tâches. Ainsi l’homme n’est plus ou ne devrait plus être celui qui domine en apportant les ressources à la vie de famille. Le défi contemporain pourrait bien être de parvenir à assumer une relation hommes-femmes qui ne soit plus dans un rapport de domination.
D’où la nécessité actuelle de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale ou personnelle, et aussi l’importance de réfléchir à la relation hommes-femmes dans le couple.

Jean-Pierre Rosa (à droite), Véronique Margron (à gauche)

Mais plus actuelle encore est la question de la différence des sexes posée aujourd’hui par “des courants de pensée qui visent à remplacer la dualité des sexes par la diversité des sexualités et à instituer des formes de parenté sans référence à la différence sexuelle” souligne la philosophe Sylviane Agacinski. Pourtant, ‘‘les liens biologiques fournissent les modèles sur lesquels sont construits les liens de parenté’’ selon le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss.

Jean-Pierre Rosa, philosophe, nous éclaire sur la relation hommes-femmes en s’appuyant sur le récit de la Genèse. Elle est ‘‘ressemblance’’ à Dieu dans la distinction sexuelle mâle-femelle (Gen 1, 26-27), ressemblance qui se situe de ce fait dans la relation même, c’est-à-dire dans ce qui fait l’humanité de l’humain. Et Véronique Margron, théologienne, nous invite à attacher plus d’importance au questionnement de la Bible qu’à ses réponses apparentes…, rappelant que ‘‘l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme’’.

Concrètement comment vivre dans la famille la relation homme-femme ? Florence et Marc de Leyritz témoignent sans ambiguïté des joies de la vie de couple et aussi des crises inévitables à traverser ensemble à l’intérieur de la famille. Alors se posent deux questions : Comment aider les couples à aimer autant qu’ils le souhaitent au fond d’eux mêmes ? Comment apprendre aux enfants à aimer, plutôt qu’à se protéger des risques des relations sexuelles précoces ? Pour Jean-Philippe Pierron, philosophe, le défi et aussi le projet du couple est de ‘‘traverser ensemble le temps’’, voyage qui n’est possible dans la durée et la fidélité, qu’à la condition ‘‘de réveiller en permanence dans la relation, la fraîcheur de la rencontre’’.

En ce qui concerne l’éducation des enfants, Marie Derain – défenseure des enfants - nous a dit ‘‘combien il est risqué de percevoir la sexualité de l’enfant comme une sexualité d’adulte en miniature’’ alors que ‘‘l’enfant est toujours un être en devenir’’ qu’il faut accompagner. Or, nous a alerté François Content - directeur général des Apprentis d’Auteuil - cet accompagnement devient illusoire si “les adultes ne sont pas eux-mêmes au clair avec ce qu’ils veulent dire et n’osent dire aux adolescents” sur ces questions, où ceux-ci sont tellement demandeurs.

Dans l’entreprise, selon Benoît-Roger Vasselin, directeur des ressources humaines, et Laurence Laigo, secrétaire nationale de la CFDT, la crise peut être une opportunité pour découvrir combien la parité dans l’entreprise, en favorisant la cohésion d’une équipe, peut devenir un atout décisif dans la compétition internationale.

Au centre : Sylviane Agacinski

Quant à la place des hommes et des femmes dans l’Eglise, Maria Voce, présidente des Focolari, et Alphonse Borra, vicaire général du diocèse de Liège, ont appelé à s’ouvrir à la richesse du dialogue hommes-femmes et à celui clercs-laïcs. Difficile exercice où une même volonté de service de la communion reste insuffisante à gommer totalement les relations du pouvoir.

Reste à réfléchir aux questions qui hantent tous les esprits dans le contexte du débat actuel de la société française. Avec Sylviane Agacinski ‘‘on peut se demander de quel droit une société peut imposer à un enfant la fiction d’une naissance désexualisée qui risque de compromettre la construction de son identité sexuée’’, car un enfant a besoin de s’inscrire dans une histoire, de savoir qui lui a donné la vie… Elle poursuit ‘‘ le problème des enfants à venir, c’est-à-dire des générations futures, c’est que personne ne les représente sur la scène politique démocratique. Elles ne peuvent pas manifester. Elles ne sont pas reçues, pas entendues. Elles ne constituent pas une force. C’est pourquoi avant de prendre des décisions précipitées en matière de procréation ou de parenté, il me semble qu’il faudrait entreprendre une réflexion anthropologique et éthique approfondie, collective, sur le statut des enfants, sur leur droit, sur notre responsabilité à leur égard’’

3000 participants pendant 3 jours sous l'immense chapiteau

Srs Marie-Jo S. et Lucienne D., SCR, 35

Revenir en haut