Je reviens de Haïti…

M. Françoise C., Sœur du Christ Rédempteur, volontaire permanente à ATD Quart Monde, Méry-sur-Oise, nous transmet les nouvelles rapportées par le Délégué Général du Mouvement…

Le Délégué Général d'ATD Quart Monde en Haïti : « Bibliothèque de rue »

Le Délégué Général du Mouvement ATD Quart Monde est rentré en France début mars, après trois semaines passées sur les lieux du séisme avec l’équipe.

Voilà ce qu’il nous dit :

« Je reviens de Haïti avec en moi les pleurs entendus au cœur de la nuit, et cette force des gens qui disent, une fois le jour levé : “Ca va un peu, Dieu merci.” Plus tard, au détour d’une conversation, nous apprenons que cet homme assis avec nous a perdu sa femme et deux de ses enfants ; que cette jeune fille debout, âgée de 16 ans, porte aujourd’hui la responsabilité de ses 6 frères et sœurs.

Je reviens avec en moi la souffrance de parents qui, à mains nues, ont cherché leurs enfants ensevelis sous les décombres de l’orphelinat. Parents si seuls déjà pour faire face à la misère.

Je reviens avec en moi ce que m’a dit le responsable de notre équipe sur place : “Les premiers jours nous étions là à marcher pour avoir des nouvelles des uns et des autres, à chercher comment s’occuper des morts, comment faire lorsque les animaux s’attaquent aux corps posés soigneusement au bord de la route sous des draps blancs…

ATD Quart Monde en Haïti

Je reviens avec ces conversations des gens dans les “tap tap” où serrés dans la sueur les uns contre les autres, les passagers chantent, prient, discutent.

Un monsieur nous pointe du doigt et dit en créole : “Prenons soin de ces étrangers. Sans eux nous serions condamnés à mourir de faim et de soif. C’est Dieu qui les a envoyés. Oui, car sinon ils ne seraient pas venus.

Je me dis en effet que si je me trouve là, assis avec mes compagnons dans ce tap-tap, ce n’est ni par hasard, ni par courage personnel. Au cœur de cette terrible destruction, je me sens enfant d’un formidable élan mondial, dont Haïti est la capitale.

LE VECU DES ACTIONS :

La distribution de nourriture

Avec ACF (Action Contre la faim) nous avons pu commencer une distribution dans ce quartier où aucune Organisation ne voulait descendre. Il faut aussi dire combien c’est impressionnant de voir comment ces jeunes montent jusqu’en haut des mornes sous le soleil afin que personne ne soit oublié.
David Jean raconte : “Un soir, les gens m’ont dit de ne pas monter plus haut, qu’il n’y avait plus personne, sauf une veille sorcière. J’y suis allé quand même et j’y ai trouvé une maman seule dans une terrible pauvreté avec son enfant.

ATD Quart Monde en Haïti

Le lendemain, David Jean est retourné la voir. Elle ne s’y attendait pas. Elle a ouvert tout grands ses yeux, elle a souri : “C’est pas vrai, vous êtes là, vous êtes revenus me voir. Est-ce vrai que j’ai maintenant de vrais amis ?

Cette première étape de distribution a duré plus de deux semaines, sans aucun incident grave. Beaucoup disent leur fierté : “C’est la première fois dans cette zone que quelque chose s’est fait pour tout le monde. Et en plus cela s’est bien passé, sans violence. Cela montre que c’est possible et que les habitants valent beaucoup plus que leur mauvaise réputation. C’est une grande fierté pour tous les jeunes qui se sont mobilisés, une fierté pour tout Grande Ravine.

Les Bibliothèques de rue dans les camps

Les jeunes engagés à créer des Bibliothèques de rue dans les camps où se trouvent regroupées des personnes et familles de différents milieux témoignent de la soif d’apprendre des enfants. Saint-Jean raconte : “Chaque fois qu’on fait l’activité, bien des parents viennent demander quelles sont les conditions à remplir pour que leurs enfants y participent. Je réponds toujours : l’activité est pour tous les enfants, qu’ils viennent participer tout simplement sans conditions. Et le nombre augmente à chaque séance… Tous les enfants ont les mêmes droits. Ils doivent avoir les mêmes chances. Mon pays a besoin d’une jeunesse forte pour pouvoir renaître de ses cendres.”

ATD Quart Monde en Haïti : « Bibliothèque de rue »

La reconstruction des habitations

Depuis toujours, Grande Ravine est une zone interdite à la construction. Comment nous situer alors en tant que Mouvement ? Que faut-il entreprendre pour que les habitants de ces quartiers soient pris en compte dans les grands plans de reconstruction de Port-au-Prince ?

La Promotion d’activités, sources de revenus

Billy Brandt, allié du Mouvement en Haïti dès ses débuts, nous livre sa réflexion : “Que dans un premier temps, le riz, l’eau et du matériel aient été acheminés depuis l’étranger était indispensable. Mais maintenant, il s’agit d’investir en priorité dans le développement des ressources du pays, en s’appuyant sur la force d’ingéniosité et de solidarité des Haïtiens.”

Pour ne pas entrainer ou maintenir les familles dans une marginalité, et une dépendance nous contribuons avec ACF à mettre en route sur le quartier le projet « Cash for Work » argent contre travail… permettant par ex. de démarrer un petit commerce.

La Reconstruction de Haïti

L’équipe s’investit beaucoup pour faire entendre la voix et les aspirations des plus pauvres lors de la consultation lancée par l’ONU qui se tiendra à New York le 31 mars. Malgré les difficultés les gens croient à un avenir meilleur et espèrent que ce sera pour eux l’occasion de bâtir une société plus unie.

Haïti dévasté…

Transmis par M. Françoise C., Sœur du Christ Rédempteur, volontaire permanente à ATD Quart Monde, Méry-sur-Oise

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