Ramasser les miettes …

Une religieuse va à la rencontre de personnes exclues qui se nourrissent de miettes ramassées sur le marché pour survivre.

Ma prière du samedi est souvent alimentée par une démarche avec ceux qui cherchent leur nourriture à la fin du marché.

Ce samedi Saint, je suis allée les rejoindre… En arrivant sur le marché, Léa - 8 ans - ramassait déjà des miettes !

Léa et moi, nous étions contentes de nous retrouver, car elle vient le mercredi au club ACE et elle prend bien sa place.
Léa est venue toute seule, car sa maman n’est pas en bonne santé.
Pendant une heure, nous avons ramassé et discuté ensemble, car je ne voulais pas la laisser seule, c’est trop dur pour un enfant de 8 ans !

Les restes du marché

Voici les paroles de Léa :

  • Avant, il nous restait toujours des sous à la maison, maintenant on en a plus ! pourquoi ?
  • On a de l’eau plein la figure, la voiture passe trop près de nous, c’est pas gentil !
  • Je n’aime pas le bruit des machines, ça me fait mal aux oreilles !
  • Papa, avant, il venait me voir, je ne sais pas pourquoi, il ne vient plus. Pourquoi ?
  • Il n’a plus de travail, Papa, je voudrais le voir, il ne vient plus !
  • Je ne sais pas si je vais pouvoir emmener le chariot, car c’est dur à rouler !
  • Maman va être contente avec moi car j’ai beaucoup !

De temps en temps, Léa s’amuse avec un légume : avec un concombre elle joue de la flûte !

Ce samedi saint a été pour moi un chemin de mort et de résurrection en accompagnant Léa jusqu’au pied de sa tour. Pendant ce temps, je pensais aussi à tous les enfants qui cherchent leur nourriture !
Toutes les deux nous avons partagé nos miettes, car Elle me disait « on partage ».
Nous avons écouté tout le vacarme du marché !
Toutes les deux, on se faisait des petits plaisirs, pour adoucir ce travail humiliant, car les uns et les autres ne se gênent pas pour lancer des paroles désagréables ; nous les entendons et quelquefois, nous réagissons !

Prière de silence au fond de moi, en accueillant toute notre démarche :

Je crois que le Christ est présent, là, dans le désarroi, au creux de la souffrance.

Je crois que le Christ est bien vivant, quand je dis de respecter Aurore.

Je cherche le visage du Seigneur tout au fond de nos cœurs !

Je m’approche de Toi, Seigneur, doucement, car ton visage est devant moi comme un précieux cadeau ! Ce cadeau est vrai, il est dépouillé, image du Christ !

Pas à pas, je marche avec Léa, et sa richesse est le cadeau que le Christ m’offre pour continuer ma route en ce jour. En cette veillée Pascale, je suis venue avec tout ce vécu, ça donne du sens !

Cette semaine, je vais aller voir la maman de Léa pour lui donner un peu de réconfort. D’ailleurs, on va se retrouver autour d’une tasse de café !

…………

Si tu ouvres tes volets, jaillit de la clarté !

Et sur ta route, tu découvres plus que tous les voyages dans le monde !

« Car la vie cachée d’un adulte ou d’un enfant est devenue pour toi signe du royaume et accueil d’un frère ».

…………

Sr Claudine H., SCR, Rennes

Revenir en haut