Renoncement et bénévolat

C’est généreux de s’engager dans le bénévolat ! On y trouve parfois son compte - comme on dit. Mais ce peut être, à la longue, une véritable épreuve.

C’est généreux de s’engager dans le bénévolat ! On y trouve parfois son compte - comme on dit. Tant mieux. La VIE est là, et du côté de celui qui donne, et du côté de celui qui reçoit.
Mais ce peut être, à la longue, une véritable épreuve… Tenir des horaires, des fidélités, des propositions non prévues au départ… Quelle ascèse ! Pour Béatrice « engagée » dans la visite de personnes handicapées résidant en Institution, il y a le sentiment d’être arrivée à la limite de ses forces : « J’arrête. C’est trop dur  » !

Et puis, un jour, elle me raconte : « J’allais - peut-être pour la dernière fois - rencontrer l’un ou l’autre des résidents. Une conversation s’engage entre moi et René, en fauteuil. Je le connais. Aujourd’hui, ses propos sont graves, sa réflexion étonnamment juste. René se plaint de ne pas pouvoir échanger vraiment avec ceux qui l’entourent, de ne pas se sentir considéré comme une personne qui a quelque chose à dire. Bientôt il fait allusion à quelqu’un de sa famille qui le reçoit parfois chez lui. Mais, dit-il : « Entre nous, il n’y a aucune communication. Je ne sais pas ce qu’il pense ! ».

Arcabas détail

Je suis là, mesurant son besoin immense, son bonheur de pouvoir me parler lors de mes visites, de vraiment communiquer en effet.

Arcabas détail

Tout à coup une autre personne handicapée approche. À leur manière, ils lient conversation. Sans paroles puisque Jean ne peut s’exprimer que très difficilement. Entre eux, des gestes simples d’amitié, des regards, un assentiment à ce que dit son « ami  » - je pense que je peux utiliser ce mot pour dire la qualité de leur relation. Visiblement, je suis témoin d’une vraie communication qui les rend heureux l’un et l’autre, qui les fait grandir l’un par l’autre.

« Je suis bouleversée  » me dit Béatrice ». « Comment pourrais-je envisager d’interrompre mes visites ? Comment ne pas voir tout ce que nous recevons l’un de l’autre ? Je le « sauve » sans doute, mais lui aussi me « sauve » de mes propres limites, de mes propres pauvretés d’amour ».

Propos recueillis par Sr A. M. 

Revenir en haut