11 mars 2018, 22h20. A l’aéroport international de Kinshasa, je prends le vol pour la France. Un pays inconnu pour moi, seulement imaginé un peu grâce aux conversations avec nos sœurs françaises.
Dans l’avion, tous les visages m’apparaissent nouveaux. Me voici toute seule, mais non, je ne suis pas seule, me disais-je, je suis avec le Seigneur ; Anne Boivent (notre fondatrice des Sœurs du Christ Rédempteur) est devant, et je suis à côté de tous ces gens qui peut-être sont comme moi, seuls. Je continue à réciter mon chapelet. Il fait froid. Couvre-toi bien, Patience, poursuivai-je, pour ne pas attraper le rhume. Parfois le sommeil m’emporte, mais il est entrecoupé par la peur de me perdre en arrivant à l’aéroport. Avec aussi l’angoisse au ventre de perdre ma valise, comme cela m’est arrivé il y a 7 mois à l’aéroport de Ouagadougou (valise retrouvée heureusement !).
A minuit, on nous sert un repas chaud. Puis le café, le thé et autres boissons vers le petit matin. Nous voici maintenant arrivés à l’aéroport de Roissy à Paris. Il est 6 h 20, le 12 mars. Tant de questions surgissent en moi : Quelle direction prendre ? Vais-je retrouver ma valise ? Comment reconnaître Sr Annick qui vient m’accueillir ? Quand arriverai-je à destination à Rillé-Fougères ?… Sans savoir que, derrière ces questions ou peurs, la Providence divine m’attend… J’ai toujours mon chapelet à la main, priant la Vierge Marie de me secourir. J’avance dans l’incertitude, en suivant les autres, sans savoir où je vais aboutir. Je dois être dans la bonne direction, me disais-je.
Avant d’arriver devant la police des frontières, je reçois un coup de fil de Sr Bernadette (du Congo), qui me réconforte : « C’est bien, te voilà arrivée ! ». Après avoir regardé mon passeport, le policier me sourit, me souhaite « Bienvenue en France », puis m’indique où aller récupérer ma valise. J’arrive devant le tapis roulant où se trouve une centaine de valises qui tournent. Là, mon cœur bat encore plus fort qu’avant. La voici, criai-je… L’ayant récupérée, je continue mon chemin, toujours aussi peu rassurée. Je compose le N° de téléphone de Sr Annick, aucune réponse. Bien, j’avance quand même. Il y a là une foule de gens, qui attendent les leurs, bien sûr. Je fais quelques pas, regardant de gauche à droite. J’avance, j’avance, et j’avance…
Tout d’un coup, juste face à moi, m’apparaît le livre “Vie de Anne Boivent” (un des signes particuliers de notre famille religieuse), porté très haut par Sr Annick. A cet instant, il est devenu « signe de reconnaissance ». Je me sens subitement apaisée, et m’écrie spontanément : « Sœur Annick ! ». Nous nous embrassons. Quelle joie de nous sentir des sœurs appartenant à une même famille religieuse, au-delà des mers ! Alors que nous nous voyons pour la 1re fois…
Sr Patience NGUBU, SCR, RDC