Une présence de religieux-ses en milieu carcéral

Comment un appel lancé par une religieuse, entendu et transmis, a abouti à une rencontre, le 20 mars 2012, de religieuses et de religieux engagés bénévolement en mileu carcéral…

Un appel provenant d’une religieuse engagée en aumônerie de prison nous est adressé en ces termes : « La REPSA pourrait-elle contribuer à la constitution d’un groupe qui mènerait une réflexion spécifique par rapport aux questions que se posent les Sœurs présentes en milieu carcéral ? ».

La REPSA - association de Religieuses Présentes dans le monde SAnitaire et social - en lien avec deux autres associations de religieuses, a envoyé un questionnaire aux religieux et religieuses pour connaître leurs attentes.
70 réponses confirment l’intérêt d’une rencontre. Une date est retenue : le 20 Mars 2012.

Ce jour, Sœur Isabelle le Bourgeois - de part son expérience d’Aumônier de prison - a su, à travers ses questions et interpellations, rejoindre chacun des participants quel que soit son mode de présence à la prison : l’accueil des familles de détenus, l’aumônerie, les visiteurs et autres : écrivain public, femmes déférées au dépôt de Paris.

  • Concernant le sens de la Mission  : comment témoigner de Jésus-Christ dans le monde carcéral ? C’est là l’enjeu !
    Notre présence dans ce milieu n’est pas une présence de spécialistes en humanité ou en foi, nous ne sommes pas meilleures que les autres, mais nous avons une manière d’être, originale, d’entrer en relation personnelle avec l’autre.
    Dans le monde carcéral, on est au cœur de ce qu’il y a de plus redoutable, redouté dans l’être humain : la question du mal nous percute de plein fouet dans chacune de nos histoires.
    Quel Dieu allons-nous présenter ?
    Isabelle esquisse trois profils mettant en relief des accents dominants de nos comportements qui peuvent interroger l’image que nous nous faisons de Dieu : profil du maître d’école - profil de sauveur - profil du naïf.

Nous sommes renvoyés à notre histoire avec Dieu :
Qui est le Dieu que nous portons en nous ? Qui est-il pour nous ?
Quelle est la Parole de Dieu à laquelle je fais le plus référence ?
Celle qui me nourrit, avec laquelle je me présente à l’autre ?
Le sens de notre mission est dans ce lieu où nous nous laissons déplacer, convertir, dans le surgissement de la figure d’un Dieu que je ne connais pas, qui fait bouger mes frontières, mes certitudes.
La mission est le lieu de ma propre conversion ; alors quelque chose se passera dans ma relation à l’autre.

  • Concernant la relation  : Quand nous entrons dans une prison, nous ne sommes pas chez nous ; nous sommes confrontés avec le détenu au déni, à l’innocence, à la vérité.

Quelle est notre attitude quand nous rencontrons les détenus ?
Voulons-nous savoir quelque chose d’eux ? Avons-nous ce besoin qu’ils nous parlent, qu’ils nous racontent ?
Ou : est-ce que je me laisse guider dans la rencontre par ce que me dit l’autre. Comment puis-je aider l’autre à aller vers la vérité ?

Dans la relation humaine, il y a une part de gratuité absolue  ; mon écoute gratuite va permettre qu’il se passe quelque chose : être celui à qui on confie le poids trop lourd sans se laisser embarquer… une parole qui jaillit d’ailleurs parce que les conditions pour qu’elle se dise, sont là.

Dans la relation : dire à l’autre qu’il y a un au-delà de ce qui est dit de lui, le détenu.
Comment laissons-nous apparaître cet au-delà de l’humain ? Dieu seul est capable de dire autre chose que l’horreur dans laquelle l’autre est englué.

Nous nous sommes sentis vraiment rejoints dans notre questionnement, désireux d’avancer sur ce chemin d’humanité où il nous est donné de laisser « Dieu Juste et Sauveur » se révéler par nous.

Monique G, SCR engagée dans la REPSA, Nanterre

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