Les obsèques de Roger Barbanchon à l’EPHAD de Chaudebœuf, en St Sauveur des Landes (35) ont fait resurgir bien des souvenirs pour Sœur Marie-Louise.
Ayant vécu toute sa vie professionnelle au service des « sourds » - comme on disait autrefois - elle se souvient du jour de 1954, où elle a accueilli Roger âgé de 5 ans, au CTOP, Centre de Traitement et de Rééducation de l’Ouïe et de la Parole..
Atteint d’une surdité totale, avec de grandes difficultés de compréhension, paralysé d’une jambe, abandonné des siens, il n’a pas été possible aux Sœurs de lui apprendre à parler pendant les onze années où il était pensionnaire au Centre.
Il aurait tant aimé être guéri de sa surdité, et le faisait comprendre en mettant ses index dans ses oreilles, puis sa main sur la bouche en faisant signe de parler… Mais tous les efforts ont été vains !
En 1966, Roger est arrivé à Chaudebœuf où il allait passer toute sa vie de 1966 à 2016. Sœur Marie-Louise, sa première institutrice et Hélène, l’aumônier des résidents, étaient heureuses à ses obsèques de témoigner de sa vie au quotidien.
Pourtant, pour le comprendre et le rejoindre dans ce qu’il vivait de difficile, toutes les deux se sentaient bien démunies. Mais ce qu’elles voyaient les impressionnait. Il savait goûter ce qui est beau, était content lui-même d’être tout beau, tout propre, et tout parfumé. Il répétait à qui voulait l’entendre : « Beau ! Beau ! Beau ! »
Quand il regardait la nature, c’était également son refrain.
Il savait se montrer très débrouillard : il fallait voir comment il s’y prenait pour monter ou descendre des véhicules avec sa jambe raide puis s’installer dans son fauteuil. Il savait alors faire signe à l’un ou l’autre pour l’emmener là où il voulait.
Il aimait tricoter et il était très fier de ce qu’il réalisait.
Récit transmis à Sr A.M. SCR Fougères