Vivre « Cana » à Gon-Boussougou

Par l’intermédiaire d’un couple ami de Manga, j’ai eu la chance en 2007 de participer à une session de formation à la vie conjugale appelée « Cana », à Ouagadougou.

Arrivée à Gon-Boussougou en 2005, j’ai été frappée comme mes sœurs par tout ce que j’ai entendu et vu sur les difficultés de la vie familiale : mauvaise relation du couple dont la femme est le plus souvent la victime. Les enfants vivent beaucoup au marché et fréquentent les vidéos de rue, car les parents ne sont pas à la maison. Dans beaucoup de familles, on ne prépare pas la nourriture les jours de marché (tous les 3 jours).

Session-Retraite « Cana ». Couple en accompagnement. Diocèse de Manga, Burkina Faso

Par l’intermédiaire d’un couple ami de Manga, j’ai eu la chance en 2007 de participer à une session de formation à la vie conjugale appelée « Cana », à Ouagadougou. J’ai été très frappée par l’interpellation vécue par ces hommes et ces femmes heureux d’avoir un temps, un lieu pour relire leur histoire commune, se dire leurs peurs, leurs blessures, leurs incompréhensions, leurs attentes, se pardonner pour essayer de repartir à neuf.

Témoin de ce cheminement de réconciliation, je me suis dit que dans le diocèse de Manga, malgré les difficultés – analphabétisme et peu de moyens financiers – il y aurait aussi des couples à avoir la chance de vivre « Cana ».

Session-Retraite « Cana ». Journée de la Réconciliation : Vincent s'incline pour laver les pieds de Solange. Diocèse de Manga, Burkina Faso

De retour avec mes amis très engagés au service de l’Eglise, nous avons vu notre évêque (Mgr Wenceslas Compaoré) et une première formation a eu lieu en mars 2008, une deuxième en 2010. En 2011, nous avons proposé un temps d’approfondissement pour tous ces couples sous forme de retraite.

Quel émerveillement de voir ces hommes et ces femmes oser l’expérience jusqu’au bout ! Je pense par exemple à l’accompagnement personnel proposé : chacune et chacun, fidèle à son heure, a essayé de profiter au mieux de cette grâce pour faire la vérité sur lui-même et sur sa vie de couple.

Une prochaine session est programmée pour 2012. Nous avançons lentement, beaucoup désirent s’engager mais restent hésitants à cause des frais de participation.

Ce temps de formation d’une semaine se prolonge par les rencontres mensuelles en équipe-fraternité. Ce sont les « FRAT » qui au long du temps et de la vie, sont les vrais lieux de remise en cause, de pardon et de conversion. Le chemin de l’attention à l’autre est long, mais quel bonheur pour le couple, et toute la famille quand chacun, après des jours, des mois, voire des années d’incompréhensions, veut bien essayer d’y consentir !

Accompagner un couple, qui passe d’une relation profondément blessée… à la paix et à la joie retrouvée, c’est vraiment pour moi entrer dans l’œuvre du Christ Rédempteur.

Session-Retraite « Cana ». Un couple après le sacrement de Réconciliation. Diocèse de Manga, Burkina Faso

Sœur Anne Millet, Gon-Boussougou (Burkina Faso)

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