Lâchez les filets !

Après avoir enseigné et quitté la foule, Jésus adresse une parole d’autorité à Simon, parole qui s’impose comme compétente dans un domaine qui, apparemment, n’est pas le sien.

L’évangile du dimanche 9 Février, appelé souvent “Pêche miraculeuse” (Luc 5, 1-11) est proposé à notre méditation.
Au connaisseur qu’est Simon, l’ordre de Jésus peut paraître absurde.

Duccio (13-14e s.) : Pêche Miraculeuse (détail)

V.5 : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je lâcherai les filets ».
On dirait que Simon tient à souligner l’honneur qu’il fait à son “hôte” qu’il appelle “Maître” - en suivant sa parole : il noue avec Jésus une relation basée sur la confiance.
« Je lâcherai les filets »  : l’obéissance à la parole de Jésus est dans le droit fil de celle de bien des personnages bibliques. Elle illustre ce qu’est l’acte de croire. Simon engage sa responsabilité. Et c’est le coup de filet prodigieux, signé de son auteur !

V. 8 : La fièvre de la manœuvre passée, Simon-Pierre tombe aux genoux de Jésus.
La pêche miraculeuse provoque chez lui une réaction d’effroi entraînant une confession de son “être-pécheur” : la prise de conscience de la puissance de Jésus le renvoie à une prise de conscience de lui-même.

Simon-Pierre prend conscience qu’il est impossible d’associer Jésus, le saint, à l’impureté de son péché :
Seigneur // homme pécheur : c’est insoutenable. Ce n’est pas compatible, et pourtant je ne peux le dire que devant Dieu qui seul peut nous mettre dans la vérité.

Alors vient le dernier mot, celui de toutes les théophanies : « Ne crains pas ». Indicatif divin qui annule le « Éloigne-toi de moi ».

Duccio (détail)

À partir de maintenant, une nouvelle histoire commence. Jésus prend Pierre dans son histoire : le verbe “zôgrein” (= prendre vivants) signale qu’il faudra arracher les hommes à l’emprise de la mort, comme le symbolisent les nombreux poissons tirés de l’abîme.

Bien que, dans l’ensemble du texte, la parole ne soit adressée qu’à Pierre, elle est effective pour tous ! Est déjà exprimée, ici, sa primauté qui engage tous les présents.

Que conclure ? Un appel peut être un ordre : un ordre accepté, un risque tout à fait fou, mais couru sur la parole d’un autre. Confiance qui entraîne l’adhésion d’un seul et de beaucoup d’autres.

La mission de Pierre s’inscrit dans sa réalité de pécheur.
Le lieu de notre misère, de notre péché peut être le lieu où Dieu nous appelle pour la mission.

Sr Gabrielle H., SCR, Liffré

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