Terres de Jim : « La question du sens m’a rattrapé » (3/3)

Voici la fin du témoignage de Xavier BONVOISIN, lors de « Terres de Jim » - fête européenne des jeunes agriculteurs - les 7, 8 et 9 Septembre à Javené, près de Fougères (35)

Voici la fin du témoignage de Xavier BONVOISIN lors de “Terres de Jim”, les 7, 8 et 9 Septembre 2018 à Javené, près de Fougères (35).

La dernière réalité que je voudrais partager est NOURRIR :

  • D’abord se nourrir physiologiquement. C’est un acte très significatif des évolutions de la société. Une certaine manière de consommer nous questionne sur notre rapport à la nourriture. L’alimentation de qualité, c’est quoi ?
Production à bas coût au prix de la déforestation

Dans les années 1962, Edgar Pisani - avec d’autres - a initié la PAC qui a permis une consommation de masse à bas coût, mais il a reconnu : « Nous, nous sommes trompés ». Cette orientation s’est révélée être une impasse pour l’agriculture aujourd’hui. Maintenant, il s’agit d’en arriver à une alimentation de qualité, de viser une alimentation de proximité. Le retour à des circuits courts répond à cette demande-là de savoir où va mon produit, et mon produit, je peux le vendre par moi-même et cela redonne du sens à mon activité d’agriculteur.

J’en appelle à un décloisonnement de ces secteurs et ça va jusqu’à la santé. Il faut que l’alimentation amène de la santé ! Si demain, le secteur de la santé dit : « Telle ou telle consommation, cela n’est pas bon pour la santé », il faut qu’il y ait un dialogue avec le producteur pour se dire : « J’arrête de produire ça parce que le secteur de la santé me le dit », et le décloisonnement devrait être l’affaire de tout le monde, concrètement.

  • Nourrir l’énergie vitale qui est en nous : C’est sortir de cet état de sidération, de cette dépression ambiante qui nous paralyse pour pouvoir agir, pour pouvoir construire quelque chose qui soit viable, durable et qui apporte du sens, qui amène la vie.
  • Nourrir une recherche de sens qui permet d’avancer. C’est une évidence qu’aujourd’hui se pose la question du sens de notre métier ! C’est un questionnement fort des personnes qu’on accompagne. A quoi je sers si ce que je fais ne peut même pas me permettre de nourrir ma famille et vivre décemment ?
  • Changer de regard  : A “Solidarité Paysans”, nous essayons de vivre ce que nous appelons : “L’accueil” positif inconditionnel (Karl Rogers), base d’une relation de confiance qui permet d’avancer ensemble.
  • Agir en conscience : un ajustement permanent. Qui interroge nos responsables sur la question de la souveraineté alimentaire des pays du sud ? Qui interroge encore sur les dégâts que provoquent des exportations à bas coût sur des économies agricoles émergentes très fragiles ? Des ONG crient dans le désert depuis des dizaines d’années… Chacun agit pour sa propre prospérité en considérant le monde comme un vaste terrain de jeu rempli d’opportunités individuelles et collectives… Qui se soucie du bien commun ?
Une photo de la fête de « Terre de Jim » 8/09/18

Pouvons-nous apprendre à ne plus vouloir dominer la nature, mais plutôt à vivre en harmonie avec elle ?

Recueilli par Sr Gabrielle Helleux, SCR

Voir :

Revenir en haut