Boire au puits de la Parole : Jésus et la Samaritaine (Jn 4, 1-42)

Le mardi 15 Novembre la communauté de la Maison-Mère était en récollection. Le sujet de la causerie du matin était la Samaritaine. En voici quelques courts extraits.

Le mardi 15 Novembre, de passage à Rillé, je me retrouve à table avec des sœurs qui vivent une récollection. Tout naturellement, je leur demande le sujet de la causerie du matin et j’ai cette réponse : « C’était la Samaritaine ». Et suit l’appréciation : « C’était très intéressant ». Aussi, avec l’accord du conférencier, le Père Alain Ferré, je vous en livre quelques courts extraits :

Groupe de sœurs qui suivent la Récollection

« Une rencontre au puits de Jacob, 1700 après la rencontre entre Jacob et Esaü, à ce même puits de Jacob… Là, Jésus se présente pour une rencontre avec une femme de Samarie. Jésus, descendant de Jacob, fils de Jacob, rencontre une descendante, une fille de Jacob, la Samaritaine… Et ça fait 600 ans qu’ils ne se parlent plus, qu’ils se haïssent. Esclavage du non-dialogue…

Nous avons là comme un dialogue de révélation, une rencontre de révélation qui va rendre libre cette femme… Et c’est en allant à l’étranger en un sens, en sortant de son pays que va avoir lieu cette révélation. Jésus sort de chez lui, et c’est à l’étranger qu’il va être amené - dans le dialogue avec cette femme - à dire qui il est. Il est intéressant de nous dire que pour nous aussi, si on ne va pas en pays étranger, peut-être qu’on n’est jamais amené à dire notre foi.

Tout au long du dialogue, il y a Jésus le Juif, la femme la Samaritaine, et toujours un détour, toujours ce puits de Jacob. Le dialogue marche à coup de malentendus. Mais, ce qui est intéressant, c’est que le dialogue avance grâce aux malentendus. « Seigneur, je vois que tu es un prophète », c’est à dire qu’elle a en mémoire des hommes de son peuple, qui ont parlé au nom de Dieu ; tout d’un coup une révélation libérante : pas seulement un Juif… mais un prophète par qui la parole de Dieu est en train de venir. Puis, au v. 25, elle avance encore : « Je sais qu’un Messie doit venir » et, au v. 29, en allant au village : « Ne serait-il pas le Christ ? » C’est-à-dire celui que tout le peuple juif attendait, celui qui apportait le salut pour le peuple juif, sa guérison, sa libération, son salut. Et à la fin, les Samaritains disent : « Nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde », de tout le monde, pas seulement des Juifs…

Donc, toute une progression : un Juif étonnant, un prophète, quelqu’un qui nous parle de Dieu, le Sauveur = celui qui apporte la guérison à tous… Voilà ce qui va être libérant pour toute la vie de cette femme.

Père Alain Ferré pendant la causerie

Ce dialogue conduit à une révélation : peu à peu cette femme découvre qui est Jésus, en particulier à travers l’échange autour de la question du mari… Pour la première fois sans doute, cette femme a pu dire vraiment qui elle était sans perdre la face, faire la vérité sur sa vie sans être humiliée… Elle devient vraie (« Tu as dit vrai »), et elle n’est pas écrasée, alors que dans son village tout le monde lui rappelait qui elle était pour l’écraser. Là, elle se dit en vérité devant Jésus, et bien loin d’être écrasée, elle s’en va en mission dans son village. Elle reprend sa dignité, sa grandeur. Elle, la femme mal-aimée du village, voilà qu’elle devient missionnaire… »

Recueilli près du Père Alain Ferré par Sœur Gabrielle H., SCR

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