Chemin de croix

J’ai eu l’occasion d’assister à l’enterrement d’un homme mort à la rue. Pas tout à fait cependant, parce que son compagnon l’avait traîné chez lui le dernier soir. Ceci se passait près de chez moi.

J’ai eu l’occasion d’assister à l’enterrement d’un homme mort à la rue. Pas tout à fait cependant, parce que son compagnon l’avait traîné chez lui le dernier soir avant qu’il ne meure. Ceci se passait près de chez moi.

Tout le quartier était en émoi, car son “chez lui” c’était un bout de carton à l’entrée d’un petit supermarché sous un auvent, et tout le monde connaissait “Jean Claude”, avec son chien lui servant de couverture. Âgé de 40 ans, il vivait là depuis la rupture de son couple dont il n’avait pu se relever. Il avait deux filles : l’une de 16 ans et l’autre plus jeune. Celles-ci lui rendaient visite de temps à autre, et alors on le voyait debout les accompagnant à l’épicerie pour quelques gâteries, grâce à quelques pièces glanées dans son escarcelle. C’était sa grande joie, ainsi que la compagnie de ses frères d’infortune, eux aussi sous cet auvent.

A l’enterrement à l’église, tous étaient là : son ex-femme, sa maman, ses enfants et ses copains. Son ex-femme a parlé sincèrement, sans amertume, évoquant la situation. Le message de son aînée était poignant : elle a parlé de son papa avec un cœur abîmé, mais rempli d’une affection extraordinaire.

Après la bénédiction, nous sommes sortis sur le parvis de l’église où l’attendait la voiture funéraire. Une dernière bénédiction et le cercueil y fut déposé. Après quelques salutations, tous entraient dans des voitures pour suivre le corbillard.

C’est alors que je vis une femme qui pleurait et qui était restée là, seule sur le parvis. Je m’approchai pour la réconforter : « C’est mon fils, c’est le troisième que je perds ; et là, personne n’est venue me saluer. Ni ma belle-fille, ni mes petites filles. Je suis seule avec mon chagrin et je n’ai plus de force pour le porter, vous êtes la seule à me parler et je ne vous connais pas ».

Je l’aidai à essuyer son visage, je la pris dans mes bras et conversai avec elle. « Personne ne peut connaître ma souffrance, je suis seule, seule, seule… Un enfant de 40 ans, c’est toujours son bébé, quoi qui lui arrive ! »

Bien des mamans de part le monde sont soumises à de telles souffrances. Comme « Véronique » sur le chemin du Calvaire, ouvrir tout grand notre cœur, compatir à la peine de celui, de celle qui souffre… Voilà qui peut nous motiver pour les accompagner de nos prières pendant ce temps du Carême qui commence…

Sr M. Françoise C., SCR, Rennes

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