Un des moments forts de cette célébration fut le temps de l’homélie donnée par le Père Renaud, recteur de la Basilique qui présidait la célébration, entouré de plusieurs prêtres. Dans son homélie il fit se croiser, avec art les fils des textes du jour, des vies des jubilaires, de la présence des sœurs de Rillé à Pontmain depuis 1842, sans oublier la vie de notre fondatrice, Anne Boivent et la Parole Fondatrice qu’elle a reçue.

« Ce jubilé tombe le jour de la fête de l’apôtre saint Thomas, celui qui a besoin de voir pour croire. Cela m’a tout de suite fait penser à une répartie de Joseph Barbedette après l’apparition de Pontmain. Un prêtre venu l’interroger lui posait une multitude de questions tout en exprimant ses doutes. Et Joseph de lui dire :

• Et bin Monsieur vous êtes comme saint Thomas !
• Mais, s’exclame l’ecclésiastique, saint Thomas était un grand saint.
• Oui mais pas quand i n’creyait pas !..

Il faudrait pouvoir prendre le temps d’évoquer la vie de chacune d’entre vous. Je suis sûr que chacune pourrait dire : « Je n’ai pas vu le Seigneur directement, mais j’ai vu de belles choses ; j’ai vu le royaume de Dieu en construction et cela a nourri ma foi ».

Et comment de ne pas évoquer le rôle des sœurs du Christ Rédempteur dans l’apparition de Pontmain. Arrivées en 1842, elles ont été appelées pour faire la classe, c’est-à-dire enseigner à lire le français, mais aussi apprendre à prier. Chaque année au mois de mai, les sœurs emmenaient les enfants à l’église une fois, voire deux fois, pour chanter, réciter des Ave Maria et déposer des fleurs au pied de la Sainte Vierge.

En fait, il faudrait une conférence entière pour mettre en évidence tous les points de contact entre le travail des sœurs de Rillé et l’apparition de Notre Dame à Pontmain. Le fait que Marie se présente comme une institutrice qui écrit au tableau et qui souligne ce qui est important. Le fait qu’elle demande aux enfants de prier comme les sœurs chaque jour à l’école. Le fait que Marie soit habillée avec une robe toute simple qui ressemble à un sarrau d’écolier.

Et puis il y a le thème de la Justice de Dieu. C’est la révélation divine qu’Anne Boivent, votre fondatrice, a reçue avec une grande force : « Ma Justice on la craint et on ne l’aime pas »}}} J’aime bien cette phrase car elle est étonnante, provocante. Elle nous fait réfléchir. Qu’est-ce que la Justice de Dieu ? Trop vite nous imaginons que cette justice c’est Dieu qui punit les fautes. Alain Thomasset, la définit ainsi : « La justice de Dieu, c’est sa fidélité à l’Alliance ». Dieu est juste car il va jusqu’au bout de son engagement, il réalise ce qu’il a promis (Cf. 2 Ti 2,13).

Et Dieu reste fidèle à ses promesses en donnant son Fils Jésus pour réaliser le salut de l’humanité. Le crucifix rouge que Marie nous montre à Pontmain c’est donc la manifestation de la Justice de Dieu, et Marie, en penchant ce crucifix vers nous, nous demande d’adorer cette Justice. La croix est d’ailleurs au cœur de la vie spirituelle d’Anne Boivent. Sa première expérience spirituelle fut un vendredi saint alors qu’elle n’avait que six ans. Son nom de religion n’est-il pas Mère Marie-Thérèse de la Croix ?

Célébrer un jubilé c’est aussi célébrer une forme de Justice dans nos vies. Nous sommes justes, car nous sommes fidèles à un engagement que nous avons pris un jour, nous sommes justes quand notre vie est conforme à la règle que nous nous sommes données. Cet engagement est la source de notre joie. Chères sœurs nous sommes heureux de célébrer cette Justice et de jubiler avec vous aujourd’hui ».

Merci, Père Saliba de nous avoir rappelé tout cela…

Recueilli par Sr Gabrielle H., SCR