La vie : une suite de traversées, de passages…

“Traverser la route” pour un voyant, ce n’est rien ; pour un mal-voyant, un aveugle, c’est toute une affaire… Je me suis laissée habiter, travailler par ce mot : “Traverser”…

Un week-end, je suis allée voir ma sœur Elise et mon beau-frère Roland. Après des AVC, Roland est devenu paraplégique et aveugle. Le Covid a nécessité l’hospitalisation à domicile avec les aides nécessaires : infirmiers, kiné… et Élise, toute dévouée et fidèle, ainsi que les enfants.

Personne aveugle ou mal voyante

Au cours d’une conversation, Roland me dit : « Quelle chance de pouvoir traverser la route tout seul ! » . Cette parole m’est restée en mémoire et m’a fait réfléchir : “Traverser la route” pour un voyant, ce n’est rien ; pour un mal-voyant, un aveugle, c’est toute une affaire…

Et je me suis laissée habiter, travailler par ce mot : “Traverser” :

Que de traversées, de passages, de sorties… durant toute notre vie !

  • À la naissance, il nous a fallu, il nous faut “sortir” du ventre maternel, entrer dans un monde inconnu…
  • L’enfance et l’adolescence nous font “traverser” différentes étapes, avec tous ces “pourquoi”, ces “comment”, ces espoirs et ces projets…
  • La jeunesse et l’âge adulte connaissent eux aussi bien des “passages”, lorsque se présentent des choix de vie, de travail, de relations… On parle même d’“examens de passage” !
  • Quant au grand âge, il a son lot de “traversées” plus ou moins faciles à accepter : limites physiques, mémoire et oreilles défaillantes, santé branlante, souffrances pas toujours visibles mais bien réelles ; qui se conjuguent heureusement avec des moments de mieux-être et de mieux-vivre, de bonheur en famille ou avec des amis. Et pour ce qui nous concerne en tant que Religieuses : avec la joie d’être en fraternité avec des sœurs, de prier, louer, chanter le Seigneur, de se détendre ensemble…
Deux sœurs du Christ rédempteur : entraide fraternelle

Oui, “traverser la route”, passer “d’une rive à l’autre” concernent bien toutes les étapes de la vie. Et c’est ainsi que, bientôt, nos sœurs aînées et dépendantes de Rillé vont avoir à “traverser” les couloirs de la Maison-Mère pour aller vivre dans une « Maison Béthanie » toute renouvelée, toute belle, “parée pour ses épouses”.

Encore un peu de temps, chères Sœurs, et les portes s’ouvriront pour vous, pour une vie encore longue et belle, avant “le grand passage” qui nous conduira à la Maison du Père.

Sœur Marie-Jo P., SCR, maison-mère de Rillé-Fougères

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