La vigile pascale, l’une des plus belles liturgies de l’année

Le premier, Dieu a parlé

La vigile pascale est le point culminant de l’année liturgique. Lors de cette veillée, l’Église nous propose une relecture de l’histoire du salut depuis la création.

La vigile pascale est le point culminant de l’année liturgique. Lors de cette veillée, l’Église nous propose une relecture de l’histoire du salut depuis la création. Les lectures tirées de l’Ancien Testament sont ainsi au nombre de sept - ce n’est sûrement pas un hasard - puis vient l’Épître de saint Paul aux Romains et enfin l’Évangile de la Résurrection.

Par cette grande vision panoramique, l’Église veut nous conduire, tout au long du chemin de l’histoire du salut, depuis la création, puis l’élection et la libération d’Israël, jusqu’aux témoignages prophétiques, grâce auxquels cette histoire s’oriente toujours plus clairement vers Jésus Christ.

Procession de la lumière, nuit pascale

Nous pouvons nous arrêter à un aspect du premier récit de la création en Genèse 1 qui ouvre cette belle liturgie de la Parole. On peut parler d’une organisation selon dix paroles, ce qui n’est pas sans importance pour l’interprétation. Dans la Bible, les 10 paroles, on en parle plusieurs fois : Cf le Décalogue qui est au cœur de la Loi. On évoque aussi les 10 plaies d’Egypte. Ainsi valorisée, chacune des 10 paroles est, en effet, égale en dignité et on ne sera pas tenté de considérer les deux dernières comme moins importantes : la transmission de la vie et le don de la nourriture.

Ce qui est étonnant, c’est que le texte donne d’abord la Parole à Dieu. Oui, Dieu, le premier, a parlé ; cela veut dire que toute parole humaine ne sera jamais qu’une réponse à la parole d’un Dieu qui, le premier, a parlé. Reconnaître cela, c’est accepter notre condition de créature. Ainsi est déjà annoncée l’Alliance où Dieu précède toujours l’homme. Le premier lieu de l’Alliance n’est-il pas d’ailleurs la relation Homme/Femme ?

Donner la Parole à Dieu, c’est reconnaître une présence à la source de notre vie. Quelqu’un qui nous appelle à la vie. C’est cela, à mon avis, la foi en la création. Non pas croyance en un Dieu horloger, fabricant, mais reconnaissance d’une présence à la source de notre être. Et si cette reconnaissance existe, il y aura par réciprocité la reconnaissance mutuelle des droits de l’autre, de son statut, de son désir.

Ponctuation de chaque soir de création

Donner en premier la parole à Dieu, c’est dire que la vérité de la parole humaine à laquelle est suspendue toute l’existence humaine ne peut avoir d’autre dépositaire que Dieu. "Le langage humain, mystérieusement pour nous, ne commence pas. Il faut qu’il y ait déjà des êtres parlants pour qu’il y ait un être parlant" Cf “La Divine Origine” de Marie BALMARY - P. 35. Je fais l’expérience que je suis toujours précédée par le langage et je ne parlerai que parce que ceux qui m’ont engendrée m’ont d’abord parlé, tissant le texte de mes paroles comme le tissu de mes organes. En ce domaine, la maman a un rôle important : Dieu en parlant à l’homme l’appelle à la vie, en parlant à vos enfants vous les appelez à la vie.

Sr Gabrielle H., SCR

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