Noël, rumeurs d’enfance…

Récemment, à plusieurs, nous nous sommes raconté nos veillées de Noël d’autrefois. Elles se ressemblaient beaucoup…

Le 24 décembre au soir, le repas était frugal : pour certains c’était simplement des œufs à la coque, pour d’autres des poêlées de haricots secs avec du lait. Il ne faut pas oublier qu’en ces temps-là le jeûne eucharistique était de trois heures.

Les liens de famille se resserraient en cette soirée. Il nous arrivait d’inviter aussi les voisins. Nous passions ce temps dans la bonne humeur et la détente : pendant que les uns chantaient en s’accompagnant de l’accordéon, d’autres s’activaient autour du fourneau à bois pour préparer madeleines ou gâteaux de Savoie pour le lendemain.

L’heure de partir pour la messe de Minuit arrivait vite. Nous chaussions nos vieilles “choques” (galoches) et portions dans un sac nos beaux sabots à bride en cuir que nous échangions au bout des “rotes” (sentiers).
Là, d’autres familles nous rejoignaient. Tout le monde était joyeux, surtout les enfants qui venaient de déposer leurs sabots dans l’âtre. Tout en marchant, de temps à autre, des chants fusaient : Petit papa Noël, Noël des petits oiseaux, Il est né le divin enfant…

Tout à coup, les cloches carillonnaient. Nous les enfants, nous nous regroupions dans les premiers bancs sous la surveillance des sœurs.
A cette messe, pas de retardataires, mais un silence “religieux”. Tous les yeux étaient tournés vers la chaire attendant que le soliste lance de sa voix de ténor le Minuit Chrétiens : sa voix résonnait dans l’église à en faire trembler les lampadaires.

A l’Évangile, le Prêtre déposait l’enfant-Jésus dans la crèche. Nous devions nous hausser sur la pointe des pieds pour l’apercevoir entre Joseph et Marie.

La messe terminée, nous courions à la crèche pour contempler le Petit Jésus et déposer notre piécette dans le tronc du petit ange qui secouait la tête pour nous remercier.

Puis, c’était le retour à la maison où un bon chocolat chaud accompagné d’une madeleine nous réchauffait. Mais il fallait attendre le lendemain le retour des parents de la salle de traite pour découvrir le cadeau déposé dans nos sabots.

Alors, quelle joie ! Une grosse orange les remplissait. Quel précieux trésor ! Chacun la mangeait quartier par quartier les jours suivants ou bien nous nous la partagions entre nous.

Noël, c’est Noël ! Jésus vient du ciel !

Sœurs M. Thérèse D. et M. Françoise C., SCR

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