A presque 100 ans, Sœur Anna Bouvier vient de fêter ses 80 ans de Vie Religieuse. Sœur Annick B. nous partage la conversation fraternelle qu’elle a eue récemment avec elle :
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Sœur Anna, vous venez de fêter votre Jubilé de CHÊNE : 80 ans de vie religieuse. Un long chemin de vie, une histoire d’amour avec le Seigneur et avec les autres… Acceptez-vous de nous partager ce qui vous fait vivre à l’aube d’un siècle de vie ?
- « M’assouplir sans m’assoupir », c’est mon gros effort au quotidien ! Cela m’aide beaucoup. J’apprends de plus en plus à le vivre. Cela m’apporte une joie profonde. Le matin, je dis souvent : « Merci Seigneur, je suis bien vivante. Ouvre mes yeux aux merveilles de ton amour d’aujourd’hui ». Et le soir : « O Père, Source de l’amour tu m’as gardé en ce jour… » J’aime beaucoup les hymnes de Prière du Temps Présent. Ils nourrissent ma prière au long de la journée.
- Les difficultés de l’âge, une santé plus fragile, vous l’expérimentez depuis quelque temps…
- J’ai la chance de pouvoir marcher et de me conduire seule, bien que je sois mal entendante et mal voyante. Mais je découvre que trop souvent on se laisse berner par les handicaps. On peut vivre avec… Certes, il y a les contraintes de l’âge, auxquelles s’ajoutent les contraintes sanitaires depuis le confinement. Mais je suis témoin de miracles quotidiens. Oh ! des petits miracles très naturels… « Il n’y a pas de hasard, que des rendez-vous » entendons-nous souvent. Je le crois vraiment.
- Quels sont les temps forts de vos journées ?
- Je me détends beaucoup avec des jeux de mots. J’’apprécie les moments d’animation qui nous sont proposés à l’Ehpad. Quand j’étais jeune, je lisais beaucoup : des auteurs comme Daniel-Rops, Jacques Maritain. Cela me permet de relativiser bien des choses aujourd’hui. Nous avons la lecture du journal et je suis une auditrice assidue. J’apprécie aussi le temps et la qualité des repas. Le personnel de restauration veille à une présentation attrayante des repas servis sur assiette. J’y pratique la sobriété joyeuse… Bien me nourrir certes, en mangeant sobrement et en étant attentive à mes voisins de table.
- Vous venez de décider de prendre un déambulateur…
- Oui, je sens le besoin d’être soutenue. Je manque de souffle. J’éprouve des moments de déséquilibre. Prendre un déambulateur est un moyen pour m’aider à garder encore mon autonomie et me déplacer aisément.
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Où puisez-vous votre force et votre courage, votre sérénité… ?
- Cela me vient d’ailleurs… C’est la grâce de Dieu en moi, son amour que j’expérimente et qui me dit qu’Il veut mon bonheur, et je le crois.
- Le secret de votre longue vie ?
- Un tempérament heureux qui m’est donné. Et puis habiter l’instant présent. Me laisser conduire par les imprévus de Dieu. Le remercier de son amour débordant. Souvent une prière jaillit de mon cœur : « Merci Seigneur pour tes bienfaits. Tu combles de bien les affamés, tu renvoies les riches les mains vides. » J’aime ce verset du Magnificat. C’est ma façon de m’assouplir sans m’assoupir !
Sœur Anna B., SCR, La Guilmarais-VITRE Propos recueillis par Sœur Annick B.