L’aumônerie d’hôpital d’Aix-les-Bains couvre plusieurs services en médecine et en EHPAD. Les visites sont assurées chaque semaine par une douzaine de personnes. Deux femmes sont reconnues comme « aumônier ». Un prêtre se rend présent une fois par semaine pour célébrer l’Eucharistie, répondre à la demande des malades.

J’ai rejoint cette équipe, suite à un appel reçu tout simplement lors d’une rencontre de responsables d’aumônerie dans notre maison. Je visite une fois par semaine un service de court séjour gériatrique à l’hôpital et, une autre fois, un service en EPAHD. Les deux situations sont très différentes. En médecine, nous voyons les personnes une fois, voire deux… En EHPAD, il est plus facile de créer une relation sur la durée. La tradition veut, qu’ici, nous pouvons nous autoriser à frapper à toutes les portes. Nos visites sont avant tout un temps de présence et d’écoute. Quelques personnes se prêtent à un moment de prière ou souhaitent communier.
Quand on frappe à une porte en médecine, il y a toujours un moment de suspense. Qui va-t-on rencontrer ? Un Chrétien accueillant de notre message ? Un incroyant ? Un Musulman ? Un Témoin de Jéhovah ? Un Juif ? Des personnes en état de parler ? Des personnes dans un état comateux ou très fatiguées ?… Quel accueil ? Rarement un refus catégorique, même de la part d’incroyants ou de personnes d’une autre religion. Le plus souvent, nous avons affaire à des Catholiques… Le fait que nous nous présentons d’emblée avec l’étiquette ‘’aumônerie catholique’’ incite des personnes à s’exprimer. Beaucoup ont pris de la distance par rapport à l’Eglise. Certaines, cependant, prient beaucoup individuellement. Ce qui me frappe le plus, c’est le nombre de personnes qui disent ne plus pouvoir croire en raison des épreuves qu’elles ont eu à affronter ou de maladresses venant même de membres de l’Eglise. Elles se sentent abandonnées de Dieu. Certaines vivent depuis des années avec des souffrances qui, parfois, n’avaient jamais été exprimées.
Un petit récit :
- Mardi. Visite en médecine de la chambre où se trouvent Claire et Monique. Je salue l’une et l’autre et me présente. J’entre d’abord en conversation avec Claire qui manifeste assez tôt le désir de communier. Je m’approche de Monique qui, tout de suite me dit : « J’ai fait mon caté, ma communion… mais je ne crois plus à rien. Ce n’est pas la peine de me parler de quoi que ce soit ». Je respecte et n’insiste pas. Je l’informe que je vais prendre un temps de prière avec sa voisine. Elle accueille et me dit simplement de tirer un peu le rideau. Avec Claire, nous prions et elle communie. Dans l’entrefaite, sa fille arrive. Elle exprime son souhait que sa maman reçoive le sacrement des malades. Nous le lui proposons. Elle accepte. Avec le prêtre nous décidons du jeudi suivant.
- Jeudi. J’arrive la première, je prends le temps de préparer Claire à la venue du prêtre et informe Monique. Elle se montre très respectueuse de la démarche de sa voisine. Le prêtre arrive. Espérant la venue de la fille de Claire, nous attendons. Il s’approche du lit de Monique. Sa langue se délie. Elle exprime qu’elle a eu des épreuves dans sa famille, qu’elle a perdu des êtres chers et que c’est pour ces raisons qu’elle ne peut plus croire.
Autre fait :

Madeleine parle beaucoup, mi-italien mi-français. J’ai du mal à la comprendre. Il y a une phrase qui revient tel un refrain : « Je suis cent pour cent Catholique ! » Je dois quasiment l’interrompre pour m’approcher de sa voisine, Georgette, souffrante et toute discrète. Celle-ci me dit, à voix basse, en parlant de Madeleine : « Pour elle, je suis athée ». Puis elle me dit qu’elle a pratiqué jusqu’au moment d’une confession où elle n’a pas pu être pardonnée… Elle me fait comprendre en quelques mots de quoi il s’agissait. Revoir un prêtre lui paraissait trop difficile. Je lui dis alors que Dieu l’aime et qu’il lui pardonne. Et - coup de l’Esprit-Saint ? - je m’adresse aux deux femmes : « Je vois que vous avez toutes les deux la foi, est-ce qu’on peut dire ensemble un notre Père et un je vous salue Marie ? » Elles acquiescent. J’ai vu le visage de Georgette s’illuminer et entendu un merci très sincère.
Visiter les malades, c’est une belle mission, pas toujours facile, mais qui donne lieu à de belles rencontres où nous recevons autant que nous donnons. A Aix, nous avons la chance d’avoir le soutien d’une bonne équipe.
Sr M. Angèle M., SCR, Savoie