Le 6 juillet 2013, Mgr d’Ornellas était invité à présider la célébration du Jubilé des sœurs du Christ Rédempteur, en leur maison-mère de Fougères. Voici des extraits de son homélie :

« Chères Sœurs jubilaires, je voudrais m’adresser à vous d’une façon toute particulière. Mais en m’adressant à vous, je m’adresse aussi à tous ceux et toutes celles qui écoutent, vous les consacrés - prêtres ou religieuses - mais vous aussi, familles…
Retrouver l’estime du célibat pour le Royaume
Dans notre Église aujourd’hui en 2013, votre Jubilé - pour lequel nous rendons grâce - nous invite à retrouver au plus profond de nous-mêmes, l’estime pour ce don si précieux, si magnifique, si lumineux dont nous avons besoin, sans lequel l’Église ne peut pas vivre : la consécration religieuse .
Mais comment comprendre le mystère de la Vie Consacrée ? Dans notre société contemporaine, ce signe de la vie consacrée est déconsidéré, voire méprisé, entaché de suspicion, pourquoi ? C’est simplement qu’il manque cette réalité la plus fondamentale pour l’existence humaine, l’intériorité qui se nourrit de silence. Comment entendre Dieu s’il n’y a pas le silence intérieur ? Le silence intérieur n’est pas le vide, mais précisément le lieu de la plus grande liberté, le lieu où s’exprime le mieux l’être en recherche de la vérité…
Répondre à l’appel gratuit de Dieu

Personne ne choisit par lui-même la Vie Consacrée. C’est toujours une réponse à un appel. L’intériorité nourrie de silence permet d’entendre cet appel. L’appel est toujours premier, et si l’appel est toujours premier, cela veut dire qu’il est gratuit. Il ne vient pas parce que nous avons fait quelque chose de bien, il n’est pas une récompense. Cet appel n’a aucune explication, il est purement gratuit ! C’est pour cela que la Vie Consacrée est toujours une action de grâce.
L’espérance de l’amour pour les blessés de la vie
On le constate dans l’histoire de l’Église : ceux et celles qui sont appelés à la Vie Consacrée, d’une manière ou d’une autre, sont toujours ceux qui sont habités par l’amour pour aller en proximité des détresses : les personnes âgées, dépendantes, en fin de vie, les personnes handicapées, les personnes laissées sur le bord de la route à cause des conditions sociales précaires, les personnes sans papiers qui sont méprisées, les détenus que nous jugeons comme des coupables alors que c’est nous-mêmes qui sommes coupables, nous qui n’avons pas fait ce qu’il fallait pour les accompagner dans leur vie, dans leur croissance éducative, tous ces hommes et ces femmes qui sont pris dans ces détresses.
La personne consacrée est témoin de quelque chose qu’elle a reçu gratuitement, non pour elle, mais pour les personnes qui sont dans la détresse, afin qu’elles comprennent que l’espérance est possible : c’est l’espérance de la gloire sur le visage de nos frères et sœurs blessés par la vie, sur un visage en chair et en os qui vit sa fragilité. Cette fragilité n’est pas une indignité mais le lieu où le Seigneur Jésus s’approche par la personne consacrée pour faire luire « l’espérance qui n’est pas vaine », comme dit saint Paul.
La Vie Consacrée, c’est l’amour, comme dit le Pape François, l’amour qui est à l’origine de tout et qui est fidèle, l’amour qui est capable de garantir la vie au-delà de la mort. Le privilège de la Vie Consacrée, c’est d’avoir reçu cette lumière de la foi et d’y avoir répondu en se donnant totalement.
La si belle prière du Gloire à Dieu
Alors, chères Sœurs, pour ce Jubilé pour lequel nous rendons grâce, je voudrais tout simplement vous faire un cadeau comme si vous le receviez pour la première fois, c’est-à-dire avec un cœur jeune, neuf, car la Vie Consacrée nous garde toujours jeunes et je le vois dans votre joie. À chaque fois que je viens ici, je suis touché par votre joie et aussi par la qualité de votre charité, cela m’évangélise, me fait du bien. Quand je vois votre joie, je vois bien la jeunesse de la Vie Consacrée.
Je vous donne une prière qui vient du fond des âges : le « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime »
Que cette prière soit pour vous votre manière contemplative, silencieuse, personnelle ou fraternelle pour dire chaque jour votre action de grâce pour l’immense miséricorde de Dieu qui vous a choisies afin que vous témoigniez de son amour auprès de ses enfants blessés. Merci »
+ Pierre d’Ornellas
Archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo
