Des racines et des voiles… à Rillé. Chapitre 4

La jeune pensionnaire M. Françoise a quitté le Juvénat - ainsi que ses petites fredaines - pour… le Postulat. Elle se souvient, et nous raconte.

La jeune pensionnaire Marie-Françoise a quitté le Juvénat (ainsi que ses petites fredaines) pour… le Postulat. Elle se souvient, et nous raconte :

Si tu as un amour indéfectible pour Dieu et que tu veux être toute à lui, alors frappe à la porte d’un postulat. Pour moi, ce fut le cas et j’entrai au postulat de Rillé à Fougères, en 1960.

Sainte Anne et Marie

Le jour-dit, la maitresse des novices - Mère Jean-Baptiste - nous attendait. Elle me cueillit dans ses bras et me dit de la suivre. C’est alors que je rentrai dans cet univers si proche et pourtant si loin de nos vies ordinaires. Après être passées sous les cloitres, nous arrivâmes devant un grand escalier de pierre, vestige de l’ancienne abbaye du 18e siècle, dont les marches pourraient tant raconter ! Au premier palier, une statue de Sainte Anne apprenant à lire à Marie semblait nous dire : « Oui, oui, c’est bien là le chemin où vous allez apprendre la règle de votre nouvelle vie ».

Après le 2e palier, une porte s’ouvrit sur ce que l’on appelle le Noviciat ; mais pour une jeune qui arrive, quelques étapes restaient à franchir auparavant. J’étais plutôt angoissée, mais voilà que je rencontre Laurence, toute guillerette, avec son nouvel habit de postulante. « « Vous allez faire comme elle » me dit Mère Jean-Baptiste. « Je vous conduis dans votre dortoir, des sœurs vont y monter votre malle, et vous pourrez vous changer vous aussi ». Chacune y avait son petit coin, composé d’un lit et d’un modeste placard, le tout entouré par un rideau blanc pour nous isoler de nos voisines. Notre tenue de postulante consistait en un chemisier noir, un camail et une jupe plissée noire ; sur la tête, un petit voile noir décoré d’un liseré blanc.

En tenue de Postulante, septembre 1960

Nous étions une quinzaine de nouvelles postulantes. Le soir venu, on nous pria de nous rendre à la chapelle, nous informant que nous prendrions notre repas entre nous. Ce fut un moment de décompression, mais aussi (avouons-le) d’expression de ce qui nous habitait.

Bientôt on revint nous chercher, en nous demandant de mettre nos mains sous nos camails et de nous diriger vers le réfectoire. Là, des tables rectangulaires en long et en travers et nos places avec assiettes et serviettes nous attendaient. Si la soupe fut bonne, pour certaines elle fut accommodée de larmes, d’autres l’avalaient en esquissant quelques sourires étonnés. Mais déjà c’était l’heure de retourner à la chapelle pour chanter le Salve Regina avec la communauté. Après quelques conseils de Mère Jean-Baptiste concernant le lever matinal au son de la cloche de 6 heures, chaque postulante rejoignit sa petite alcôve. Nous passâmes ainsi quelques jours entre nous à l’écart, puis nous intégrâmes le groupe des Novices.

Au bout de 6 mois de cette vie de discernement et d’activités diverses (travaux manuels, étude du charisme de la congrégation, initiation au chant de l’Office…), arriva le grand jour de la Prise d’habit et de la Consécration.

Sœur M. Françoise C., SCR, Rillé

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