A la fin de l’évangile de Mathieu, Jésus envoie ses disciples en mission : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». L’Église future sera donc une communauté qui se constituera au nom de la Trinité. La prière de l’Église est trinitaire et le signe de croix qui commence et termine nos liturgies, aussi bien d’ailleurs que nos prières personnelles, en est la preuve : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ».

Il est et reste toujours difficile de parler avec justesse de la Sainte Trinité. J’emprunterai donc au théologien Joseph Moingt quelques expressions qui me semblent susceptibles de nous aider à entrer dans ce mystère et peut-être d’en vivre ! *
La trinité de Dieu est une relation d’amour :
En Dieu, l’amour n’est pas un attribut parmi d’autres. Il est son être même comme le dit Saint Jean : « Dieu est amour ». Amour en lui-même, amour pour nous. Et l’amour est le seul chemin qui nous conduit à lui : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour ». Aimer est la seule voie de la connaissance de Dieu. C’est la grande nouveauté évangélique : Dieu nous a aimés le premier et son seul commandement est de nous aimer les uns les autres.
L’amour est “altérité”, “réciprocité”, échanges.
Là où l’amour est parfait, la relation d’amour est de totale réciprocité. Des deux côtés, il est offert ou donné nécessairement et sans réserve, accueilli ou rendu en parfaite gratuité et gratitude, en totale liberté. Tel est l’amour du Père et du Fils, amour dont l’Esprit n’est pas exclu, lui qui est l’entre-deux, la jointure, lui qui se révèle comme l’Esprit du Père et l’Esprit du Fils.
La vérité de l’amour est une logique de « négativité », tant il est vrai qu’il n’est pas d’amour plus grand que de se dessaisir de sa vie pour ceux qu’on aime. Dieu, en quelque sorte, renonce à son Fils pour sauver l’humanité et la faire entrer dans sa divinité. Et le Fils en la personne de Jésus remet l’Église dans le souffle de l’Esprit-Saint : « C’est votre intérêt que je parte, car si je ne pars pas le Paraclet ne viendra pas vers vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai… Quand il viendra, lui, l’esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité toute entière » (Jn 16, 7 et 13).
Avec la fête de la Trinité, nous entrons dans le temps ordinaire, temps de “mémoire, d’assimilation, de contemplation”. Dans nos quotidiens ordinaires, c’est l’inépuisable richesse du Dieu Trinité qui nous visite : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14,23).
