
Le 19 mars 1945 mourait d’épuisement à l’immonde infirmerie de Mauthausen le jociste rennais Marcel Callo.
Cela fait exactement 65 ans…
Condamné sous ce seul prétexte :
« Par son action catholique auprès de ses camarades de Service du Travail Obligatoire, s’est montré nuisible au régime nazi et au salut du peuple allemand ».
Le 4 octobre 1987, à l’occasion du Synode des Laïcs à Rome, en même temps que deux jeunes filles italiennes, Marcel était béatifié par le Pape Jean-Paul II, reconnu donc comme vrai témoin du Christ.

Marcel Callo est le cadet d’une famille de 8 enfants ; il est né le 6 décembre 1921 à Rennes.
Il n’est pas arrivé tout seul à la perfection évangélique : il a été porté par l’exemple de parents chrétiens, a été membre de la Croisade Eucharistique (actuellement appelé MEJ), puis est devenu scout, jociste.
Pas davantage arrivé tout de suite à la perfection humaine : comme tout être humain, il a eu à lutter contre ses défauts ; il était particulièrement cabochard et voulait avoir toujours raison.
On parle parfois de la « passion » de Marcel : à entendre dans le sens de souffrances, d’épreuves. Oui, il les a connues et supportées par fidélité au Christ.

Un tournant décisif dans sa vie :
C’est au lendemain du bombardement de Rennes, le 8 mars 1943.
Sa sœur Marie-Madeleine était tombée sous les bombes. Le jour même des obsèques, il reçoit l’ordre de partir en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire… « Je pars ou je ne pars pas ? ». Terrible cas de conscience. « Si je ne pars pas, ce sont, à coup sûr, des représailles sur mon père ou sur mon frère. Si je pars, je quitte ma fiancée, mes parents, mes copains ».
C’est l’angoisse durant huit jours.
Mais il pense à la consigne de la JOC : « Là où sont les Jeunes Travailleurs, là sont les Jocistes ». Il y voit la volonté du Seigneur. Il décide : « Ca y est, je pars, non point comme travailleur, mais comme missionnaire auprès de mes camarades ».
Mais alors, dès son arrivée en Thuringe, terrible crise de cafard, on le comprend. Il écrit un jour à sa fiancée :
« Les deux premiers mois passés ici ont été extrêmement pénibles ; je n’avais goût à rien ; votre souvenir ne me quittait pas ; je me laissais aller petit à petit. Soudain, le Christ me fit réagir : il me signifia que cela n’était pas bien ; il me demanda de m’occuper de mes camarades, et la joie de vivre me revint ».

Que dire des camps de la mort ? L’horreur absolue…
Marcel est mort dans les bras du colonel Tibodo, qui témoignait : « Jamais, je n’ai vu un pareil regard, celui d’un saint… »
Un chant de la JOC dit ceci : « Car mourir comme un blé qu’on sème, ce n’est pas nous anéantir. Notre vie et notre œuvre même par delà la mort vont grandir ».
Marcel fut arrêté avec onze de ses camarades. Quatre ont pu revenir et témoigner. Martyrs de Thuringe. Mais il y a aussi ceux de Saxe, de Berlin, une cinquantaine dont le procès de béatification est en cours. Nous en souhaitons une heureuse issue et très prochaine.
Un ami de Marcel écrit : « La vie de Marcel, c’est la vie d’un jeune, d’un homme qui, ayant découvert, comme St Paul, l’amour du Christ, veut l’annoncer à tous ses frères.
C’est ce même Marcel qui nous dit à tous et chacun, quelle que soit notre situation :
“N’ayez pas peur, osez dire Jésus Christ” ».