Quand je sortirai, je ne serai plus comme avant

Si vous quittez des yeux la Seine et regardez de l’autre côté vous verrez de hauts murs surmontés de barbelés. La Maison d’Arrêt de Nanterre est là, située sur le « territoire » de la paroisse N. D. de la Miséricorde.

Nanterre. Tout près de l’église Notre Dame de la Miséricorde, une très jolie promenade au bord de la Seine s’offre à vous. Au bout de quelques centaines de mètres, si vous quittez des yeux la Seine et regardez de l’autre côté vous verrez de hauts murs surmontés de barbelés. La Maison d’Arrêt de Nanterre est là, située sur le « territoire » de la paroisse N. D. de la Miséricorde.

La Maison d’arrêt des Hauts-de-Seine

De longue date, les curés successifs, la communauté des sœurs de Rillé présente sur cette paroisse et les équipes d’animation pastorale ont eu à cœur de tisser des liens entre la communauté chrétienne qui est “dehors” et la communauté chrétienne qui est “dedans”. Ces liens sont d’abord spirituels : chaque semaine une intention de prière est dite pour les personnes détenues. Ils sont aussi très concrets : pour les grandes fêtes, des cartes de vœux sont adressées aux personnes détenues. De plus, pour Noël, une collecte d’objets a été organisée pour enrichir les 250 colis distribués aux personnes détenues qui sont inscrites à l’aumônerie et aux personnes “indigentes”. N. D. de la Miséricorde est aussi la paroisse qui inscrit sur ses registres les sacrements célébrés au sein de la prison : baptêmes, confirmations, premières communions.

Dans ce monde difficile, violent, lorsque tout semble s’écrouler à la suite de l’incarcération, la parole de Dieu rejoint certaines personnes détenues : « Ce texte, il a été écrit pour moi ». Les psaumes permettent de crier vers Dieu sa souffrance. Les évangiles de découvrir que le Seigneur n’attend qu’un mot de nous pour nous rejoindre, que ses bras sont toujours ouverts.

La Parole de Dieu

Au printemps dernier, Paul (le prénom a été changé) était désespéré. Un de ses codétenus lui conseille de demander à voir un aumônier. Il avait abandonné toute pratique juste avant sa première communion. Je commence par lui donner une carte avec le Notre Père. La semaine suivante, il me dit « Elle est forte cette prière ! ». Quelques temps plus tard, il découvre le livre de Job : « C’est ma vie que ça raconte ce texte ». Semaine après semaine nous cheminons, il vient à la messe tous les dimanches, lit les textes du jour dans le livret Magnificat. Au bout de six mois, après en avoir parlé en équipe et avec le prêtre accompagnateur, je lui propose de faire sa première communion. Il reçoit l’Eucharistie fin janvier, après avoir reçu le sacrement du pardon. Le chemin n’est pas fini, la porte de la prison ne s’est pas encore ouverte pour lui, mais « Quand je sortirai je ne pourrai plus vivre comme avant », et d’ici là la parole de Dieu et la prière lui permettent de tenir.

A travers Paul et bien d’autres, les aumôniers sont les témoins émerveillés de l’action du Christ dans des vies qui ont bien souvent été cabossées dès l’enfance. Nous sommes les pauvres serviteurs d’une parole qui fait son œuvre. Oui, quand nous ouvrons la porte d’une cellule, le Seigneur nous a précédés et si quelquefois nous repartons de la prison le cœur lourd de toutes les misères entendues, nous repartons aussi bien souvent avec de la joie dans le cœur pour ce qu’il nous a été donné de vivre.

Merci à la paroisse N. D. de la Miséricorde et aux sœurs du Christ Rédempteur de nous soutenir et de nous accompagner par la prière dans notre mission.

Dominique, Aumônier à la Maison d’Arrêt des Hauts de Seine. Témoignage recueilli par Sr Madeleine R., SCR., Nanterre

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