Je suis allée voir Amand, en soins palliatifs, juste 8 jours avant sa mort. Presqu’aussitôt, notre conversation s’engage sur l’essentiel et il me rappelle : “Quand j’ai su que j’avais un cancer, j’ai dit : que ta volonté soit faite ! Je n’avais même pas réalisé que c’était dans le Notre Père”.
Voici de larges extraits de l’homélie faite par le P. Noël Guiblin, le jour de ses obsèques :
« A chaque fois que j’allais voir Amand, depuis le début de sa maladie, nous avons pu partager en profondeur la foi qui l’animait. A chacune de ces rencontres, c’est lui qui nous évangélisait, et nous en sortions toujours grandis. Amand était du côté des prévoyants qui ont su alimenter la lampe de leur foi (Mt 25,1-13 : évangile des obsèques). Il savait aussi qu’il devait quitter la demeure de ce corps pour aller vers le Seigneur.
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Il a su alimenter la lampe de la foi : Quand on sent que le corps nous lâche, quand on se trouve face à sa mort prochaine, on va à l’essentiel, il n’y a plus de masque. Ce qu’Amand a pu partager dans nos rencontres, était bien l’essentiel de ce qui l’animait. Il me disait souvent : « La foi, c’est super. Pour moi, ce n’est pas une difficulté ». Dans ce sens, il aimait évoquer la prière en famille dans son enfance, mais plus encore la joie que lui ont donnée ses engagements dans l’Eglise : l’accompagnement des jeunes vers la confirmation (à commencer par ses propres enfants), la visite des malades, des personnes âgées, l’écoute des personnes en souffrance.
Plus Amand avançait dans la vie, plus il ressentait la proximité de Dieu. “Il est tellement proche de nous, me disait-il. Le Christ s’est fait complètement homme… et la Trinité, quand on y pense, c’est formidable !”. Il y a plusieurs mois, déjà, j’ai eu la joie de lui donner le sacrement des malades en présence d’amis proches et des membres de sa famille. Nous avons aussi vécu le sacrement du pardon. Ainsi Amand a t-il fait l’expérience de la miséricorde de Dieu. Il me disait : “Je crois à l’infinie miséricorde de Dieu pour chaque homme, jusqu’au dernier moment”.
Amand aimait beaucoup la Vierge Marie et allait souvent à Pontmain. Là aussi, il faisait l’expérience de la proximité de Marie notre mère. Il me disait : “Elle est venue chez nous à Pontmain. Dire que c’est la même qui était au pied de la croix ! Elle est si proche de nous !”
- Il savait aussi qu’il devait quitter la demeure de ce corps pour aller vers le Seigneur : Amand a vécu cette grâce de l’abandon… S’abandonner, ce n’est pas se laisser aller. L’abandon, c’est pouvoir dire à Dieu, sans aucune crainte : “Que ta volonté soit faite”. N’est-ce pas la pointe de toute prière ?

Et la signature de cet abandon, c’est la joie, quoiqu’il arrive, au cœur même de la souffrance. Non pas l’exubérance, mais cette sérénité, cette lame de fond de paix, fruit de l’Esprit-Saint, que Dieu seul peut donner. Ainsi, alors qu’Amand était très douloureux, il disait avec le sourire devant ceux qui étaient là : “Elle est belle la vie, qu’est-ce que je suis heureux… Ca vous étonne que je dise cela, et pourtant, c’est vrai !”
Voici les ultimes paroles qu’Amand m’a adressées. Son regard s’est soudain illuminé et il m’a dit : “Que Sa parole et Son amour t’accompagnent !” C’est aussi à chacun de nous qu’il adresse cette parole cet après-midi : “Que Sa parole et Son amour vous accompagnent”. Merci Amand ! AMEN ».
Recueilli par Gabrielle Helleux, SCR