Rillé : depuis 800 ans des religieux(ses) prient sur la colline

J’ai voulu connaître l’histoire de cette colline de Rillé à Fougères, avant l’arrivée des sœurs du Christ Rédempteur. Alors je suis allée consulter les archives. Je vous livre ce que j’y ai trouvé…

Rillé aujourd'hui : le cloître

J’ai eu plusieurs fois la possibilité de passer un petit temps de repos à Rillé-Fougères, Maison-Mère de notre Congrégation. J’en revenais toujours émerveillée de tant de beauté : architecture, verdure, potager, propreté, accueil, silence… et même le cimetière. Tout me fait penser aux efforts incroyables déployés par notre fondatrice Anne Boivent dès son arrivée en 1833 et aux interventions innovantes des différents Conseils qui lui ont succédé. Cela suppose aussi un investissement de toutes les sœurs pour avoir gardé les lieux dans cet état. Je souhaiterais de tout cœur que cet espace devienne un site classé.

Mais j’ai voulu en savoir plus : connaître l’histoire de cette colline avant l’arrivée des sœurs. Alors je suis allée consulter les archives de Rillé. Je vous livre ce que j’y ai trouvé :

« Le Seigneur de Fougères fonde en 1024 une collégiale au château, mais l’endroit est peu propice au recueillement et à la prière. Les moines viennent alors s’installer sur la colline de Rillé. Ainsi, en 1143, une église abbatiale y est édifiée sous le patronage de St Pierre. Les Chanoines Prémontrés la desservent, mais elle sert aussi de paroisse pour les habitants du faubourg : c’est la paroisse Saint Marie, d’où le nom de « Portail Marie » donné à l’entrée de la rue de L’Echange. Ce nom, au fil des temps, deviendra celui de l’Ecole Apostolique appelée Juvénat, de 1933 à 1970.

Au cours des guerres de religion, l’abbaye est pillée, incendiée. Vers le milieu du 15e siècle, les abbés - nommés par le Roi - ne résident plus à l’abbaye ; sur place il y a un prieur. La discipline et l’observance de la règle se relâchent beaucoup.

Hier : Plan de l'abbaye de Rillé construite entre 1724 et 1750

Au XVIIe siècle (1628-1634), les religieux vont se réformer et devenir des « Génovéfains », car ils ont adopté la règle d’un réformateur : le Père Faure, de l’abbaye de Ste Geneviève de Paris. Les bâtiments en mauvais état sont reconstruits de 1724 à 1750 et les religieux participent au ministère paroissial. L’abbé nomme les maîtres d’école de la baronnerie et a aussi droit de justice dans le bourg de Rillé et les fiefs qui dépendent de Rillé. L’Eglise abbatiale date de cette époque.

Rillé aujourd'hui : Le bel escalier de granit de l'abbaye du 18 ème siècle

Lors de la Révolution de 1789, les moines qui y résident sont expulsés et le prieur Dom Delaunay est arrêté, emprisonné puis exécuté en 1794. En 1792, Rillé est vendu comme « bien national » et l’acquéreur démolit les bâtiments pour en vendre les matériaux. Qu’en reste t-il ? La vieille Tour avec son bel escalier de granit et la partie attenante qui correspond aujourd’hui à la cuisine et à la salle dite des Sacrés-Cœurs (rez-de-chaussée) et à la salle du Conseil (au 1er étage).

La propriété reste 40 ans en friche jusqu’au 26 octobre 1833, date à laquelle Anne Boivent et deux autres sœurs viennent s’y installer. Depuis plus de 8 siècles - sauf ces 40 ans - des religieux prient sur la "Colline" ».

D’autres annales donnent la suite de l’agrandissement et de l’embellissement de ce site : nos Fondateurs en parlent dans leurs écrits, et, après eux, les sœurs chargées d’écrire les archives de la congrégation…

Sr Marie-Françoise C., SCR, Rennes

Rillé aujourd'hui : La vieille tour (du 18e) et le cloître Rillé aujourd'hui, côté jardin Rillé vers 1833 Rillé vers 1880
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