« Quand vous aurez appris à vivre, c’est votre vie elle-même qui sera la récompense » (Bruno Ferrero)

Avoir 100 ans. Un temps suffisant pour apprendre à vivre ? Sœur Germaine Louis – en religion Sœur Marie-Anne des Anges - n’a pas attendu tout ce temps pour “vivre” et “faire vivre” autour d’elle ! Maintenant elle est fatiguée, mais elle a accepté de partager ce que fut sa vie active et un peu de sa retraite aujourd’hui.
Elle est née le 30 avril 2023 à Livré-sur-Changeon (35), au pied du clocher, dit-elle. La vie n’est pas facile : sa maman n’a pas une bonne santé et son papa peine face aux problèmes de travail. Mais Germaine trouve dans sa famille ce qui permet de grandir : la chaleur d’un foyer aimant. Elle passe son certificat d’études et la “vraie vie” commence pour elle. Ses parents n’ont pas les moyens de lui offrir des études. Elle retourne à “l’école”, mais c’est pour aider et elle apprend “l’art d’enseigner”. La guerre arrivant, il manque des instituteurs et Germaine s’en va à Saint Germain-en-Coglès où elle continue ce même travail d’enseignante dans les “petites classes”, à l’école des garçons. Elle se souvient que « c’était une vie de travail ». Pour les religieuses aussi, qui « priaient en travaillant et travaillaient en priant ».
Cela ne la rebute pas et elle entre dans la Congrégation de Rillé le 4 septembre 1943 avec le secret espoir de pouvoir étudier et de continuer ainsi l’enseignement. Espoir déçu en apparence, mais le talent est là : celui “d’enseigner”.
Après sa première profession, le 12 avril 1945, elle est envoyée à l’Institution Sainte Geneviève de Rennes ; elle y restera 25 ans. Toujours prête à faire sa malle, elle y demeure pourtant et elle bénéficie d’une époque où l’absence de diplômes pouvait être contournée. Mais le talent naturel supplée. Enseigner comme elle l’a fait ne peut être que le fruit d’un don exceptionnel pour l’éducation, pour la relation. Elle dit : « Ma vie a été tissée de rencontres : parents, enfants, collègues…. Les rencontres, c’est ma vie ». Le mot “rencontre” revient sans cesse dans la conversation.

Sœur Germaine trouvait sa joie de vivre dans l’épanouissement des enfants de la maternelle et la satisfaction reconnaissante des parents. Plus tard elle ira à l’Institut des sourds-parlants et son “art d’enseigner” se révèlera encore dans ce milieu où la “rencontre” se heurte au handicap de la surdité.
L’heure de la retraite arrive et Sœur Germaine est peu bavarde sur toutes ces années. Paisible malgré une santé devenue fragile. Et nous pouvons redire avec elle : « Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». (Mt 25 ,40)
Sœur Bernadette D., SCR, Fougères