Un Noël au bidonville

Aux alentours de Noël, Nono avait vu, pendue à la porte d’une baraque une poupée avec cet écriteau : « A vendre ». Il avait décidé de l’acheter pour sa petite sœur. Mais où trouver l’argent ?

En cette proximité de Noël, j’ai pensé vous partager ce beau et émouvant récit de vie tiré de “Paroles pour demain” (1986) de Joseph Wresinski :

Aujourd’hui, la maman de Nono fait la lessive chez les voisines. Elle doit compter sou par sou pour faire des économies de bouts de chandelle. Sans cesse, elle crie après Nono : « Eteins la lumière, range tes affaires, ramasse ton pain, embrasse-le… »

Poupée « à vendre »

Un jour, aux alentours de Noël, Nono avait vu, pendue à la porte de la baraque de l’un de ses copains aussi malheureux que lui, une poupée avec cet écriteau : « A vendre ». Il avait décidé de l’acheter pour sa petite sœur. Mais où trouver l’argent ?

Il errait ce 24 décembre sur le marché, offrant ses services, chapardant de-ci de-là bananes, oranges avariées, quelques friandises, bourrant ses poches. La nuit était venue tôt. Sa mère n’avait rien dit de la soirée. Il faisait froid, le feu était éteint, il fallait se coucher. Mais Nono n’arrivait pas à dormir. A quoi pouvait penser un enfant qui avait tant rêvé, tant espéré, qui trouvait juste que sa petite sœur reçoive pour Noël la poupée pendue avec son écriteau. Nono dans le noir, se tournait et se retournait près de sa sœur faisant effort pour ne pas la réveiller. Mais elle non plus ne dormait pas. « Nono, tu dors pas ? » - « Non, et toi ? » - « Tu penses à quoi ? » - « A Noël ».

Nono

A ce moment-là, la maman impatiente et malheureuse se mit à crier : « Allez-vous vous taire à la fin, j’en ai marre ! ». Ce n’était pas une voix fâchée, ni coléreuse. Nono le savait bien. Il reconnaissait la voix de sa mère lorsque celle-ci avait pleuré. Alors, se levant sans bruit il se dirigea vers son lit et se glissa sous les draps, et se serrant contre son corps, lui dit : « T’en fais pas, maman, bientôt je serai grand ! ».

Nono fut placé quelque mois plus tard, il avait 9 ans. C’est à cette occasion que sa mère me parla de ce Noël-là : « C’était le plus beau » dit-elle.

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Écrit hier, ce récit nous touche et nous interpelle tout autant aujourd’hui :

  • Des situations analogues ne risquent-elles pas de se reproduire en ce temps de Noël dans les immeubles tagués, surpeuplés, et même dans des réduits ou des caves de nos villes, sans parler des camps de déplacés ?
  • Les bergers autour de la crèche, ce sont eux… Au-delà d’une compassion, qu’allons-nous faire ?

Sr M. Françoise C., SCR

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