Bernadette, un « Petit Jésus » de 102 ans…

En communauté, nous avons répondu à l’appel du prêtre de notre Paroisse St Jean Marie Vianney à Rennes : pendant l’Avent, inviter une personne seule.

Joie d'accueillir Bernadette à notre table

En communauté, nous avons répondu à l’appel du prêtre de notre Paroisse St Jean Marie Vianney à Rennes : pendant l’Avent, inviter une personne seule. L’occasion s’est présentée lors de la rencontre inopinée, dans la rue, d’une dame née dans la même bourgade que moi, en…1918 ! Sur notre invitation, là voilà donc arrivée au 3 rue François Lanno pour déjeuner avec la communauté.

Bernadette - c’est son nom - se confondait sans cesse en excuses de venir nous déranger, étant institutrice publique. « Je ne sais pas ce que c’est qu’une communauté religieuse, encore moins une congrégation ; aussi vous comprenez mon émoi ! ».

Très vite, la retenue est tombée. Elle a évoqué tous les aléas de sa vie et ceci pendant 4 heures…Rapidement repérée par son institutrice comme une élève douée, la voilà arrivée comme pensionnaire au collège Jean Macé à Rennes, ce dont elle garde un très mauvais souvenir. Puis son Brevet Elémentaire en poche, elle est nommée institutrice et envoyée avec son mari, instituteur comme elle, à l’école de Brie. Elle se souvient : « Là, il y avait une école libre avec une “bonne sœur” infirmière. Quant celle-ci s’absentait, les religieuses envoyaient les gens trouver mon mari - car lui aussi savait faire les piqûres - pour la remplacer. Avec les Prêtres, c’était autrement. Nous les recevions à notre table. Par contre, un seul nous a ennuyé : il a vidé notre école, disant que c’était l’école du “diable”.

Bernadette a une pêche d’enfer, elle fait une marche d’une heure par jour, en deux fois. Cela fait une semaine seulement qu’elle a une femme de ménage pour deux heures le lundi. Ses voisins s’occupent de l’extérieur et elle, dans sa maison très coquette, fait elle-même sa cuisine. Elle a un fils, mais il n’est pas en bonne santé. Elle dit souvent : « J’ai vu beaucoup de choses vous savez, maintenant je pourrais me reposer définitivement ».

C'est la carte de vœux reçue de Bernadette

Nous sommes allées de surprise en surprise : la 1re, ce fut cette carte de vœux pour le Nouvel An arrivée avant que nous ayons eu le temps de penser à lui écrire. La dernière : Bernadette se pointe à notre porte avec un petit pot de jacinthe : « Ceci c’est pour la sœur qui est à l’hôpital… » A 102 ans, continuer de surprendre les autres est un beau geste d’amitié. Merci, Bernadette, pour l’exemple !

Dans le livret des Actes de notre dernier Chapitre Général, il est écrit : « Dans les diverses communautés ou lieux où nous nos trouvons, nous sommes toutes missionnaires » (p.8). Aussi, quelle ne fut pas ma surprise le jour où j’écrivais cela de découvrir dans la Croix de ce même jour (8 janvier) ce que le Pape François disait à ce sujet, dans son dernier livre intitulé : « Si l’Église n’annonce pas le Christ, elle se corrompt ». Il y encourage fortement tous les chrétiens à rendre visible le Christ aux autres, non par le prosélytisme, mais par le témoignage de la vie quotidienne.

Nous espérons que cette visite chez nous aura permis à Bernadette quelques questionnements.

Sr M. Françoise C., SCR, Rennes

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