« Deux » frères très différents, mais si semblables dans la manière dont ils se situent par rapport à leur relation au père : l’éloignement.
Car si le fils cadet a mis une grande distance entre son père et lui, l’aîné qui - pourtant - n’a jamais quitté la maison paternelle n’en demeure pas moins très éloigné en se considérant « serviteur ».

Le père est dans l’impasse : c’est sa manière de se positionner qui retient mon attention.
Un dialogue s’engage avec le fils aîné pour qu’il se souvienne et que se rétablisse la vérité. « Mon fils c’est ton frère ! ». « Tu demandes un chevreau alors que tout ce qui est à moi est à toi ». Et le père reste sur le seuil du festin : il attend aussi le retour du fils aîné.

Quant au cadet, même dans sa déchéance, le fils reste le fils. Et s’il n’a pas compris, les paroles du père n’y changeraient rien. Pas de paroles de miséricorde, mais un geste, comme une parabole, qui va rétablir à la face des « serviteurs » la juste place qui est la sienne. Le Père ne lui donne pas le titre de fils, mais il lui donne beaucoup plus : il lui fait remettre les insignes propres au fils : la robe, les sandales, l’anneau. Dieu ne change pas selon les conduites plus ou moins erronées de l’homme. Le fils reste le fils.
Le fils comprendra-t-il ce geste du Père, à la hauteur de sa réelle signification ?
La Révélation est parole ; elle nous arrive aussi par des gestes signifiants. Pratiquer des gestes comme une parabole : sourire à un enfant qui pleure, tenir la main de celui qui déjà regarde vers l’au-delà, se recueillir avec celui qui a perdu un proche - simples gestes dont nous ne mesurons pas la portée, mais qui peuvent apporter l’apaisement, qui disent Dieu et sa présence aussi bien que trop de paroles parfois…
Sœur Bernadette D., SCR