L’évangile de la vigile pascale est celui de la visite des femmes au tombeau, selon Matthieu 28,1-10, évangile qui peut d’ailleurs être repris à la messe du jour !

Après le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie allèrent voir le sépulcre. On peut se demander pourquoi elles viennent si tôt. Il ne faut pas oublier qu’après la mort de Jésus, elles étaient restées assises en face du sépulcre, après avoir assisté à son ensevelissement. Il me semble qu’il y a là une volonté de Matthieu d’insister sur cette présence des femmes aux v. 56 et 61 du ch. 27, et elles réapparaissent au début de 28. Les apôtres ont été là tout le temps de la vie terrestre de Jésus pour témoigner de tout ce qu’il a fait et enseigné. Maintenant, crucifié, il est mort. Eux se sont enfuis et se terrent.
Les femmes demeurent, aussi longtemps qu’elles le peuvent, immobiles dans la foi, image vivante de l’espérance et de l’amour. Présence obscure, attente des germinations lentes, habitude qu’ont les femmes de ces longs délais que demande toute vie. Il ne faut surtout pas s’en aller, il faut tenir bon dans les ténèbres, espérer contre toute espérance. Ce récit suggère quelque chose du “mystère de la présence” qui touche au plus profond de la personne. Quand on ne peut plus rien faire, quand aucun acte n’est possible, aucun geste, aucune aide, aucune parole, il reste la présence avec son pouvoir mystérieux et sa valeur insondable. Elles ont dû partir pour observer le sabbat, mais dès que le repos obligatoire a cessé, elles reviennent, non ici pour faire quelque chose (chez Marc, elles viennent pour oindre), mais gratuitement, pour visiter, pour voir le sépulcre (Mt 28,1).

Il n’y a rien à voir, il n’y a rien à faire, mais leur amour indéfectible s’exprime par le besoin d’être là, d’assurer une garde du cœur. Et c’est ainsi qu’elles seront les 1ers témoins de l’ère nouvelle. Or, que voient-elles ? Rien ou plutôt un messager qui leur dit une parole sur Jésus ressuscité : le crucifié n’est plus là, Il est ressuscité. Elles ont donc un déplacement à faire, une conversion : accepter ce qui est dit par l’ange. Ce déplacement les conduit, à la suite de la parole de l’ange, à faire une disjonction d’avec le tombeau pour prendre la route vers les disciples. Et c’est sur cette route même que Jésus les rejoint et se fait voir à elles. Il leur dit alors : « Allez annoncer à mes frères… » De destinataires, elles deviennent témoins pour annoncer ensuite.
Est-ce qu’on n’a pas là un peu le schéma du chemin qui conduit à la foi ?
- D’abord, un message - une annonce par intermédiaire
- Puis une mise en route vers le Christ et vers les autres
- Et c’est alors que le Christ nous rejoints.
Sr Gabrielle H., SCR