1- Ce qu’est une parabole :
Jésus a raconté une quarantaine de paraboles. Mais qu’est-ce qu’une parabole ? Pièges à éviter : Faire des paraboles des histoires moralisantes ou simples.
C’est une fausse piste de partir de l’idée que les paraboles seraient un moyen pour faire comprendre à des gens simples des choses difficiles du point de vue religieux. Point de vue assez répandu qui ne correspond pas aux données évangéliques.
La parabole de Nathan - en 2 Samuel 12 - permet de mieux comprendre ce qu’est une parabole évangélique. Il s’agit de l’histoire que Nathan raconte à David, après l’adultère avec Bethsabée et le meurtre d’Urie. Pour bien comprendre, il faut se dire qu’il s’agit d’un cas concret, fait divers qui pourrait se produire dans l’existence. Essayez de ne pas penser à David et à Urie, mais à ce qui est dit dans cette histoire qu’on pourrait lire dans les journaux…

Mais cette histoire présente tout de même un élément un peu exagéré : le riche qui a tout un troupeau va prendre la petite brebis du pauvre. Devant une telle histoire, on a envie de bondir. On réagit : il faut se mettre dans cette perspective qui n’est pas de comprendre des choses difficiles ou faciles, mais de réagir profondément devant un fait qu’on vous soumet. Cette histoire est racontée par le prophète Nathan à un interlocuteur qui est dans une situation donnée. Ici : David après le meurtre d’Urie. Or, l’histoire que l’on raconte présente une certaine analogie avec la situation de l’interlocuteur (parabole = “mise en parallèle”). Cependant, ce n’est pas tout à fait la même chose. Mais il y a analogie, de telle sorte que l’interlocuteur est mis en scène sans qu’il s’en aperçoive, du moins au début… Ceci est très important pour les paraboles. C’est même essentiel, fondamental pour que la parabole fonctionne bien !
Comme c’est une histoire qui fait réagir, l’interlocuteur - à un moment donné - prend position sur ce qui est raconté. Dans le cas présent, Nathan fait appel à ce qu’il y a de meilleur en David. Et, évidemment, David réagit comme prévu. Ce faisant, il vient de se juger lui-même sans le savoir ! A ce moment-là, il ne reste plus au prophète qu’une chose à faire : s’emparer du jugement de l’interlocuteur et le lui retourner en plein visage en lui disant : « Cet homme, c’est toi ! »

Imaginez Nathan venant voir David et se mettant à lui faire la morale : « Qu’est-ce que j’ai appris à ton sujet ? » Probablement qu’il se serait fait mal recevoir par David, tandis qu’avec la parabole, l’intéressé ne se rendant pas compte qu’il s’agit de lui a la chance d’être plus objectif dans son jugement ; et, lorsque arrive le trait inattendu, il réagit spontanément. Avec ce procédé, l’intéressé est pris à son propre piège. La parabole est un procédé pour amener la discussion sur un nouveau terrain, non plus celui des idées ou des principes - mais celui de l’expérience. Son moteur c’est l’expérience du destinataire activée par le conteur. L’ennui, c’est qu’on a rarement l’occasion précise du récit des paraboles.
La parabole, en ce sens, est interpellation provocante. Elle suscite une toute nouvelle manière de voir ! Nous sommes dans une perspective de cœur ouvert // cœur fermé !
Sr Gabrielle H., SCR