Ce dimanche 13 Juin, la liturgie nous propose deux courtes paraboles dites “de la croissance”, dont le thème commun est la maturation. Arrêtons-nous à la 1re, la graine qui pousse toute seule, en Mc 4,26-29.
Comme les autres paraboles de la croissance, à l’exception du Semeur, elle est introduite par une clause qui en indique le thème : « Le Royaume de Dieu ». Il en est du Royaume de Dieu, comme…
Elles s’appuient sur un constat d’évidence. Cependant, il faut éviter pour bien les comprendre de transporter sur les contemporains de Jésus notre savoir biologique actuel. Les anciens ignorent quel processus organique, immanent à la graine, conduit de la germination à la production du fruit. Ils en connaissent par contre la force et les effets qu’ils considèrent comme une action du Dieu créateur et un signe de sa bénédiction : Gn 8,22 : « Tant que durera la terre, semailles et moisson, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront plus ». Jr 5,24 : « Craignons donc Yahvé notre Dieu qui donne la pluie, celle de l’automne et celle du printemps, selon son temps, et qui nous réserve des semaines fixes pour la moisson ». « C’est Dieu qui fait croître », dit Paul en 1 Co 3,7.

L’attention se porte autant sur celui qui sème et moissonne que sur la fécondité inouïe de la graine. Cette parabole d’ailleurs est propre à Marc. Et il est clairement dit que c’est une parabole du royaume. L’établissement de ce règne ressemble à un processus agricole complet, des semailles à la moisson. Il met en jeu un cultivateur, de la terre, de la semence, la plante et le fruit qui naissent et ce dernier finissant par être moissonné. Les trois temps de l’opération agricole s’enchaînent : les semailles - la croissance du blé - la moisson.
Quelle est la clé de lecture de cette parabole ? : C’est la phrase centrale : "comment il ne le sait pas »
C’est là l’essentiel de la parabole, cette position-clé du non-savoir ; charnière autour de laquelle s’effectue le passage de l’attente à l’espérance comblée. Point de non-savoir, celui de la foi à l’épreuve de la patience. C’est en ce point que l’activité créatrice de Dieu s’exerce au cœur de l’homme pour faire croître et mûrir les moissons futures et l’homme doit accepter de s’y tenir.

Si l’axe de la nature traversant celui de l’activité humaine ne rencontre pas ce consentement au non-savoir, il ne se passe rien et la décision de l’homme qui a semé la graine ne porte pas de fruit.
Ainsi se fait jour un double contraste sur lequel est construite la dynamique de la parabole du Règne de Dieu : contraste entre l’ignorance de l’homme et le savoir-faire de la terre, contraste entre la passivité de l’homme et l’activité de la terre. Et, sans doute qu’il ne faut pas chercher à privilégier un aspect plutôt que l’autre. C’est l’interaction de ces contrastes qui fait sens et non un seul.
Visiblement, cette parabole a été dite pour des interlocuteurs qui ont hâte de voir venir la fin et pensent pouvoir l’accélérer, soit par l’action violente (celle des Zélotes), soit par une fidélité accrue (les Pharisiens).
Or, le calendrier du Royaume est le calendrier de Dieu. L’homme n’y a pas accès, sauf à savoir que l’échéance vient, comme mûrit le blé.
Sr Gabrielle H., SCR