La grande prière missionnaire de Jésus

La soirée d’adieux de Jésus à ses disciples culmine dans cette prière au Père de l’évangile de Jean au ch.17. Ce chapitre forme la clé de voûte des chapitres 13 à 20.

La soirée d’adieux de Jésus à ses disciples culmine dans cette prière au Père de l’évangile de Jean, ch.17. Ce chapitre forme la clé de voûte des chapitres 13 à 20. Disons que c’est vraiment la seule prière de Jésus que nous ayons dans les évangiles, mises à part certaines exclamations brèves que l’admiration pour son Père lui inspire (Mt 11,25ss et Lc 10,21ss, comme 11,41s). Le Notre Père est la prière enseignée aux disciples : « Quand vous priez, dites… »

A ce moment suprême, le seul mouvement de Jésus retenu par Jean est celui des yeux levés vers le ciel (17,1), déjà mentionné avant le retour de Lazare à la vie (11,41). Il indique que Jésus n’a plus de regard que pour son Père, même si, paradoxalement, la pensée de ses disciples ne cesse d’envahir sa prière. Prière qui nous est comme une légère percée dans la compréhension du mystère de la Croix glorieuse. Cette prière se caractérise par l’alternance continuelle d’un regard sur ce qui a eu lieu et d’une ouverture sur l’avenir (Cf. par exemple 17,12).

Jésus en prière

Arrêtons-nous un peu aux trois 1ers versets qui nous donnent tout de suite la tonalité de cette prière. Si celle-ci semble d’abord une prière de demande, on comprend tout de suite que cette demande est ordonnée à la glorification du Père : « Glorifie ton fils afin que ton fils te glorifie ». Et le verset 2 indique que ce vers quoi tend la mission confiée au fils est le don de la vie éternelle aux hommes. Et plus étonnant encore, nous avons, de la bouche même de Jésus une définition de la vie éternelle : « La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ ». Contrairement à ce qui habite souvent les esprits, Jésus décrit la vie éternelle comme un état, l’état de ceux qui connaissent Dieu et le Christ. Nous vivons déjà de cette vie depuis notre Baptême. Et donc la vie éternelle n’est pas à chercher en dehors de Dieu et de Christ ; Jésus dit, dans cette parole remarquable, en quoi elle consiste. Pour comprendre ce verset, il faut, avant tout, se souvenir que, dans le style de l’Écriture et en particulier dans celui de Jean, connaître n’est point un acte purement et froidement intellectuel. “Connaître” signifie bibliquement expérimenter la communion avec Dieu.

La Croix glorieuse

Dès lors, connaître le seul vrai Dieu et Celui qui l’a envoyé, Jésus-Christ, n’est pas seulement la condition ou le moyen de parvenir à la vie éternelle, c’est cette vie éternelle elle-même, naissant et grandissant en nous, dès ici-bas, pour s’épanouir un jour dans la perfection du ciel. Le passage que la liturgie a retenu pour le 7e dimanche de Pâques, se termine par : « Père, je viens vers Toi », centre géographique de cette grande prière. Cela nous renvoie, comme un clin d’œil au prologue où Jean déclare : « Et le Verbe était tourné vers Dieu » et même il insiste, 2 phrases plus loin « Et le Verbe était au commencement tourné vers Dieu ».

Cette prière de Jésus exprime la communion profonde qui l’unit à son Père et elle nous révèle le lien étroit qui unit Jésus à ses disciples. Chacun de nous est invité à entrer dans cette intimité et cette communion.

Sr Gabrielle H., SCR

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