La première lecture du 5 Mars 2023, 2e dimanche de Carême, nous relate l’épisode de la vocation d’Abraham.}}}
Quand nous étudions un texte, nous voulons savoir quel sens il a pour nous aujourd’hui. Aussi, nous regardons comment ce texte communique avec le lecteur. Or, aucune indication de temps dans ce récit, ni de lieu. Par contre, plus loin, les déplacements d’Abraham nous seront décrits un peu comme une prise de possession progressive, mais plutôt symbolique, de ce qui deviendra la terre d’Israël !

Arrêtons-nous alors à l’ordre de départ : « Quitte ton pays, ta parenté… et va vers le pays que je te montrerai ». Cette parole de Dieu comporte un ordre (v.1) et des promesses (v.2-3) L’histoire d’Abraham commence par une parole de Dieu, Yahvé. Yahvé est à l’origine de l’histoire d’Abraham. Il est le meneur de jeu. Ce choix reste mystérieux. On sait que Dieu a choisi Noé, seul juste dans un monde corrompu. Nous sommes devant le mystère du choix libre de Dieu.
Quitter implique un « partir de » mais aussi un « aller vers ». Dieu invite Abraham à se diriger « vers le pays que je te ferai voir ». L’obscurité de la destination contraste avec la clarté de ce qu’il doit abandonner. Chaque appel à une nouvelle mission implique de laisser derrière soi ce qui est connu, sécurisant, pour s’engager dans l’inconnu et le risque.
Abraham, seule personne concernée, doit se séparer de ce qui est sien. Et, s’il se sépare de ce qui est sien, c’est pour aller vers quelque chose qui n’est pas de l’ordre de la possession, mais de la relation : « la terre que je te ferai voir ».
C’est d’abord une relation forte avec Yahvé : « pour que JE fasse TOI une grande nation et que JE bénisse TOI et que JE grandisse le nom de TOI ». Mais Yahvé n’en reste pas là. Ce qu’il a en vue n’est pas seulement une relation à deux : « et que TU sois bénédiction et que je bénisse ceux qui bénissent TOI […] et par toi se béniront tous les clans de la terre ». Pour que le projet divin se réalise, plusieurs sujets vont devoir jouer. Ce qui se met en place, c’est une dynamique d’alliance.
Abraham est appelé à être une source de salut pour d’autres. Abraham est placé dans une relation particulière avec les autres humains, d’abord ceux de son peuple, mais ensuite ceux du monde entier. La mission d’Abraham n’est pas limitée à la création d’Israël, elle est comme une re-création de toute l’humanité.

La réponse d’Abraham est brève et claire : Abraham partit, comme lui avait dit Yahvé, et Lot partit avec lui. A l’ordre du Seigneur « d’aller vers le pays que je te ferai voir » répond comme une suite logique : Abraham « alla » selon ce que le Seigneur lui avait dit, et Lot « alla » avec lui (4a).
Pour Abraham, partir est le fruit d’une parole, la parole d’un Autre, qui s’unit à celui qui écoute en accomplissant cette parole, en partant.
Sœur Gabrielle H., SCR