Continuons à bien regarder notre texte (Luc, 1-10) : Zachée, probablement, ne voulait que voir Jésus. Si Jésus ne s’était pas arrêté et ne l’avait pas interpellé, rien ne serait sans doute arrivé. C’est l’initiative de Jésus qui va changer la vie de cet homme.

Il me semble que quand l’évangéliste dit que c’est Jésus qui aperçoit Zachée, il indique par là que le chrétien doit rechercher Jésus, qu’il doit se mettre en marche, mais que ce n’est pas lui qui a l’initiative de la rencontre. Si nous cherchons Dieu, ce n’est pas nous qui le trouvons, mais Lui qui nous trouve.
Jésus n’est pas seulement l’acteur de la transformation de Zachée ; c’est lui qui la provoque. Et là aussi, on peut s’arrêter un peu. Sans consulter personne, Jésus appelle Zachée par son nom, montrant ainsi qu’il le connaît. Jésus regarde, appelle Zachée par son nom et lui demande l’hospitalité : Sous ce regard, sous cette reconnaissance, Zachée se met à grandir, à devenir quelqu’un d’autre ; il est reconnu, il existe.
Jésus s’invite : Une fois la rencontre visuelle effectuée, Jésus continue à avoir l’initiative. Ce n’est pas Zachée qui invite Jésus, c’est Jésus qui s’invite sans crier gare, et pas seulement pour le repas, mais pour y loger, peut-être même pendant plusieurs jours. Ce qui étonne, c’est que Zachée ne semble pas étonné de cette auto-invitation. Certes, il était curieux de voir ce Jésus, mais de là à l’héberger !
Et voici que Zachée « descend rapidement » et « avec joie » pour recevoir cet itinérant. Là, il y a une pause du récit et il faut la respecter, car c’est ici que Zachée est sauvé. Il est sauvé parce que, sans un regard sur son passé, sans référence à ses mérites ou démérites, n’écoutant que son désir et la passion qu’il avait de sa mission, Jésus a rencontré son désir et l’a fait s’épanouir.

« Debout, Zachée dit au Seigneur… ». Maintenant Zachée va donner réalité à ce salut reçu ; et ce qu’un discours moralisateur n’aurait pu obtenir, le salut donné, l’invitation offerte et accueillie va le produire spontanément, logiquement, librement. Cela vient de lui : Zachée, debout. Cela vient de lui que Jésus a fait exister. L’argent ne lui servira plus de béquilles, puisque Jésus lui a donné des jambes. L’argent peut donc servir maintenant à réparer le tort fait dans le passé et à faire du bien !
Un mot me surprend : il est écrit que Zachée se met debout pour parler. Mais on trouve aussi ce même verbe « étant mis debout » pour désigner le Jésus ressuscité après la Pâque. Il indique un changement de nature de la vie de Zachée après la rencontre avec Jésus.
V. 9 : « Jésus lui dit : Aujourd’hui, le salut pour cette maison est advenu, parce que lui aussi est un fils d’Abraham ! » Aujourd’hui, un fils d’Abraham, le croyant, vient de naître !
Cette expression indique que Zachée a sa place dans la lignée des croyants et qu’il a une relation droite avec Dieu comme l’a eue Abraham. Le sens du présent de l’indicatif (« celui-ci est … ») et de la stature debout, c’est que Zachée a maintenant une attitude de croyant.
Sœur Gabrielle H., SCR